Les facettes de l’éco fascisme

La manifestation du 12 juin ainsi que les mobilisations prévues contre le congrès du RN à Perpignan les 3 et 4 juillet sont l’occasion de déconstruire le discours de l’extrême – droite qui gangrène de plus en plus le corps social.

Moins mises en avant mais tout aussi nuisibles, les idées d’extrême droite pourrissent aussi l’écologie ! L’ultralibéralisme alimente une idéologie nouvelle, l’éco fascisme. Celui-ci est un caméléon qui a de multiples facettes :

  • Il y a la version hideuse du fascisme fossile de Bolsonaro – Trump : prête à tout pour conserver les parts de marché des majors pétroliers. Pour ces criminels, le négationnisme vis-à-vis du changement climatique est la norme. L’extermination des peuples de l’Amazonie, le gaz de schiste qui cannibalise les terres agricoles, les guerres, les coups d’Etat, la défense des dictatures, tout est bon pour que le gaz et le pétrole continuent à faire crever la planète. Accro aux combustibles fossiles, le « carbo-fascisme » implique une fuite en avant à tous les niveaux.
  • Il y a la version racialiste, complotiste et identitaire de l’écofascisme : Le 15 mars 2019, à Christchurch, en Nouvelle-Zélande, un homme répondant au nom de Brenton Tarrant, équipé d’armes de guerre, tuait dans plusieurs mosquées 51 personnes et en blessait 49 autres. Il écrit dans son manifeste : « Je me considère comme un écofasciste ».  « L’immigration et le réchauffement climatique sont deux faces du même problème. L’environnement est détruit par la surpopulation, et nous, les Européens, sommes les seuls qui ne contribuent pas à la surpopulation. (…) Il faut tuer les envahisseurs, tuer la surpopulation, et ainsi sauver l’environnement ». Ces écofascistes sont adeptes de la théorie du Grand Remplacement. Ils veulent nous vendre une écologie raciste, réservé aux blancs, qui exclut ceux qui ne répondent pas à ses critères où le droit du sang l’emporte sur le droit du sol. Les Fake News encouragées par les réseaux sociaux sont le vecteur de cette écologie où les vérités alternatives corrompent l’esprit public.
  • Il y a la version pétainiste du souverainisme éco fasciste dit « localiste » : Variante soft de la précédente, elle en a de fait les mêmes caractéristiques. Pour l’extrême droite, il s’agit d’articuler de façon cohérente le rejet de l’immigration, la stigmatisation de tout corps étranger à la Nation et le souci de l’environnement. Marine le Pen dit qu’il faut protéger « les écosystèmes, à commencer par les écosystèmes humains que sont les nations ». Hervé Juvin, nouveau « Monsieur écologie » du Rassemblement National, compare les migrants à des « espèces invasives » contre lesquelles « l’homme doit défendre son biotope ».

Son pendant catho réac de la Revue Limite, plus proche de Marion Maréchal, exprime le courant anti avortement de la Manif pour tous. Pour ceux- ci, il s’agit de préserver à travers « l’écologie humaine », la « vie » sous toutes ses formes, de respecter la famille, Dieu et la Création.

  • Il y a la version insidieuse et antihumaniste d’un éco-fascisme élitiste des riches. Celle-ci est peut-être la plus dangereuse de toutes car elle ne se pare d’aucun drapeau. Elle s’impose comme un mode naturel de sélection, issu de l’intrusion des technologies dans notre vie quotidienne. Cette nouvelle fracture entre le peuple et ses limites est en train de fait de créer un séparatisme où une élite de surhommes domine l’immense majorité des dirigés. Dans Homo Deus, Yuhal Noah Harari l’explique : « Ces surhommes jouiront de capacités inouïes et d’une créativité sans précédent (…) ». Mais la plupart des humains ne seront pas augmentés. Ils formeront donc une caste inférieure, doublement dominée par les algorithmes informatiques et les nouveaux surhommes ».

Le vrai éco-fascisme qui nous attend c’est la convergence entre l’Intelligence Artificielle, les big Data, la robotique sous la coupe de la Révolution numérique dirigée par les GAFAM. La géo-ingénierie, déclencheuse de nouvelles catastrophes environnementales, complète la gamme d’actions mortifères de ce capitalisme technologique qui asservit et exploite les femmes et les hommes, en les réduisant à des rouages ou des ressources, et applique les mêmes recettes dans l’asservissement de la nature.

Déconstruire l’écologie d’extrême droite, une nécessité

Nous devons combattre l’écofascisme dans sa totalité. Les idées d’extrême droite sont en passe de gagner la guerre culturelle. Cette guerre a un terreau favorable. Avec la pandémie, un climat anxiogène s’est étendu. L’écologie mentale est pour PEPS une dimension importante de l’écologie au même titre que l’écologie sociale ou environnementale. Aujourd’hui, des millions de personnes sont atteintes d’éco anxiété qui se manifeste par le stress physique, des troubles du sommeil, de l’appétit et/ou des relations sociales, l’incapacité à entreprendre des projets par peur de l’effondrement, ou un état dépressif, apathique et de découragement total.

Une des erreurs des écologistes est d’avoir estimé que l’écologie politique était immunisée contre le virus fasciste. C’est faux. L’écologie, comme tout système d’idées, est plurielle. L’éco- fascisme, comme le national – socialisme, est une réalité. Si nous faisons comme si elle n’existait pas, nous prenons le risque d’être submergés par une vague qui s’appuiera sur le mot « écologie » pour faire passer son idéologie criminelle.

Nous devons à la fois déconstruire l’idéologie d’extrême-droite et montrer que les classes populaires seront les premières touchées par sa politique. Il s’agit aussi de montrer que la solution viendra des classes populaires, seule force sociale capable de proposer une alternative à la menace écofasciste.

Si PEPS appelle chacun à descendre dans la rue le 12 juin partout en France, il convient aussi de proposer une alternative concrète d’écologie sociale anticapitaliste, en participant à la prise en main de nos affaires dans nos quartiers, dans nos entreprises, dans nos villages. Construire l’autogestion et les solidarités en développant des Zones d’autogouvernement, c’est détruire l’idéologie fasciste là où elle doit être combattue.

PEPS, le 8 juin 2021