Les résultats du 7 juillet ne règlent rien. Le R-Haine a été battu, mais la gauche et les écologistes n’ont pas gagné. Les néofascistes ont été sèchement battus par un Front républicain uni par la peur de l’arrivée au pouvoir du RN.
Mais, rien n’est réglé. Et surtout pas les causes qui ont conduit à cette situation où plus de 10 millions d’électeurs et d’électrices ont choisi de voter pour un parti raciste, xénophobe, anti-écologiste, patriarcal et validiste. Comment rompre, en effet, avec 40 ans de politiques antisociales, néo libérales, scandées par des lois anti immigrés qui ont produit ces quelques 40 % de voix pour le RN ?
La gauche et les écologistes, tout en arrivant en tête, sont bien loin d’une majorité absolue. Trois blocs se font face.
La dissolution a engendré une crise de régime qui, conjuguée aux crises sociales et écologiques et aux risques de guerre, nous entraine dans une spirale dangereuse. Nous avons été contraintEs de voter une fois de plus pour nos ennemis Darmanin, Borne ou Wauquiez qui se sont fait réélire avec nos voix. De fait, comme le disent les chefs du RN, leur victoire est différée.
Dans ces conditions, notre boussole doit être dictée par trois orientations :
Rompre avec les politiques néo libérales est un impératif.
Le programme du Nouveau Front Populaire n’est pas la révolution mais le minimum minimorum qui doit être appliqué pour que les aspirations des classes populaires, qu’elles votent RN ou NFP, soient entendues. Tout bricolage, tout abandon, toute compromission avec les macronistes serait compris comme autant de reniements, comme une nouvelle resucée des trahisons causées par les politiques de rigueur depuis 1983 et les privatisations massives de la gauche plurielle, des dérives et mensonges du Hollando-Macronisme.
Le programme du NFP n’est pas un fétiche, mais un chemin pour la rupture avec la politique pro business qui a dominé depuis des décennies, appauvri des millions de personnes et détruit le Vivant. Cela signifie aussi une rupture avec Macron et la Vème République.
Les votes des 9 juin, 30 juin et 7 juillet expriment en effet une volonté de rompre avec les objectifs et les méthodes de Macron et de son monde.
Depuis 2016, un mai rampant exprimé contre les lois Travail, les lois sur les retraites, le soulèvement des Gilets Jaunes et celui des paysans, la révolte des quartiers populaires ont montré dans les actes le refus de ce monde; Quand c’est insupportable, le peuple dans sa diversité, ne supporte plus. Il ne supporte plus ni l’arrogance des dominants ni les institutions qui leur permettent de décider seuls de la politique à mener.
Nos luttes disent qu’il faut en finir avec la Vème république, son verticalisme, sa négation du Parlement et des corps intermédiaires, son refus de la proportionnelle et du RIC; Il faut une nouvelle Constitution et la démission de Macron.
Dans l’immédiat, il faut que, dans les semaines qui viennent, les revendications, comme en particulier l’abrogation de la réforme des retraites, l’augmentation du SMIC et de tous les minima et l’indexation de tous les revenus sur l’inflation, le blocage des prix, l’abandon de la loi sur l’immigration, le moratoire sur les autoroutes, le relèvement des allocations de solidarité, la libération immédiate des militants kanaks emprisonnés, se traduisent en lois, décrets et circulaires. Le Nouveau front Populaire doit gouverner pour répondre à ces exigences.
Construire le Nouveau Front Populaire par le bas et dans l’action.
Cette victoire relative a été obtenue largement grâce à la dynamique de mobilisation enclenchée dans le pays par les organisations syndicales, le mouvement associatif, les initiatives citoyennes locales, les regroupements militants locaux, qui ont puissamment soutenu l’initiative des partis associés au Front Populaire. En cela ce qui s’est passé signifie que le mouvement social refuse de se laisser corseter par les partis politiques. Cette dynamique est un acquis. Il faut continuer et pour cela œuvrer pour que se constituent partout des Assemblées populaires locales, des comités d’Action du Front. Populaire qui soient vigilants pour que s’applique le programme du Front mais aussi pour exercer l’autodéfense populaire par rapport aux actions des identitaires, des racistes et des néo fascistes. C’est pour cela que PEPS est à l’initiative, avec d’autres, d’un Appel pour des assemblées locales du Nouveau Front Populaire déjà signée par des centaines de personnes.
Organiser partout le pouvoir populaire.
Le pouvoir populaire c’est le pouvoir de ceux d’en bas et du « déjà là ». Le rôle de l’écologie radicale va être dans les prochains mois de tout faire, partout, pour que se construise
– le pouvoir de « ceux qui ne sont rien » , des « sans dents », des ouvrier·es, des précaires et des petit·es paysan·nes, des racisé·es, des femmes, des – LGBTQIA+ et des moins valides.
– le pouvoir de:
– lutter contre les expulsions de logement en organisant la réquisition des logements vides, de la contre société ,
– organiser des caisses de sécurité sociale pour une démocratie alimentaire,
– multiplier les ZAD contre les grands projets inutiles et imposés, ,
– imposer la régularisation des sans-papiers dans chaque préfecture,
– démanteler le groupe Bolloré et développer nos médias,
en attendant de pouvoir désarmer les banques et les entreprises du CAC 40.
Cela passe par la préparation des listes communalistes et municipalistes pour les élections locales de 2026. Car c’est d’abord dans nos quartiers, dans nos villes et nos villages que se construira le contre-pouvoir des Communes libres pour substituer à la Veme République une nouvelle Commune de Paris, la seconde commune des communes libre, celle de la République Communaliste sociale et universelle fondée sur l’égalité, la liberté et l’adelphité. En mettant en place ce contre pouvoir des Communes libres, nous créerons par là même un nouveau récit, celui d’une société désirable, reposant sur le lien social, l’intérêt général, l’action collective, la coopération, toutes choses qui ont disparu sous le poids de la mondialisation capitaliste, de l’individualisme, de la compétition entre les humains.
C’est contre ce terreau qui alimente le RN qu’il nous faut lutter.
Par-dessus tout nous devons composer, durer et nous métamorphoser en tant que mouvement de l’écologie de libération. Nous devons casser les chapelles, combattre l’esprit de secte, apprendre à nous dépasser. Les organisations politiques traditionnelles ont fait faillite, celles qui relevaient d’un « leader Maximo « et de la mobilisation virtuelle aussi.
Nous devons apprendre des deux mouvements populaires de ces dernières années, les Gilets Jaunes et les Soulèvements de la Terre, ce qui est nouveau et important: le rôle des assemblées, l’action directe de masse, la nécessité de remporter de « petites« victoires appelées à se multiplier, l’autogestion de nos luttes et de nos vies.
Dimanche il a été minuit moins une en France. N’attendons pas que sonne le glas ; battons-nous pour construire une nouvelle espérance. Prenons nos affaires en main !
PEPS,
10 juillet 2024