
Ce manifeste acte la naissance du collectif « Acides », l Alliance contre les Crimes Industriels et pour le Droit à un Environnement Sain. Il a été rédigé au printemps 2019 par les habitantes suite à la survenue d’un nombre anormal de cancers dans un même immeuble situé proche d une ancienne usine sidérurgique.
L’enquête menée par l ARS n’ayant rien donné, elles ont décidé de s’organiser elles-mêmes, et de proposer aux riverains et salariés concernés par les crimes industriels de rassembler leurs forces pour imposer la reconnaissance des crimes industriels, l inversion de la charge de la preuve et le droit fondamental à un environnement sain.
Lors de la constitution de PEPS en novembre 2019, le collectif a intégré la confédération et s’est monté en réseau d’action militant. En septembre 2020, Acides s’est engagé dans l’aventure de Notre Maison Brûle, la plateforme d’autodéfense citoyenne sur les dangers industriels (https://dangersindustriels.gogocarto.fr/). Enfin, en février 2021, Acides a intégré les REEP, les rencontres des espaces d’écologie populaire, pour continuer le travail de mise en réseau.
https://www.facebook.com/AllianceAcides/
« Acides, l Alliance contre les Crimes industriels et pour le Droit à un environnement Sain, est une structure qui a pour objectif de fédérer les actions individuelles et collectives contre les crimes industriels pour imposer le droit fondamental à un environnement sain.
Acides, le 6 juin 2019
Une alliance nécessaire qui nous concerne tous
Partout en France et dans le monde, des citoyens, des salariés, des riverains s’organisent pour s’opposer aux contaminations industrielles. Les pollutions chimiques contaminent les sols où nous vivons, l’eau que nous buvons et l’air que nous respirons. Elles nuisent gravement à notre santé, mais aussi à celles des enfants à naître, que ce soit pour cause de stérilité des adultes ou parce qu’ils naissent handicapés.
Rien qu’en France, le nombre de cancers a triplé en 30 ans, passant de 150 000 à 450 000 chaque année, notamment chez les enfants et les jeunes adultes. Chaque jour ou presque, de nouveaux scandales paraissent dans les journaux : bébés sans bras, « épidémies » de cancers dans tel quartier situé près d’une industrie ou d’une ancienne industrie, intoxications au plomb, à l’arsenic, à l’amiante, au radon, au benzène, au mercure, taux d’infertilité records, surmortalités…
Tout le monde est concerné. Même dans les endroits les plus reculés, les tests de pollution
révèlent des taux de contamination explosifs.
Ces pollutions et les maladies qui en découlent sont à l’origine de drames personnels :
souffrances physiques et morales, handicaps, avenirs brisés, décès prématurés… mais aussi exclusion, chômage et pauvreté. En conséquence, de nombreuses associations de victimes se battent pour faire reconnaître le préjudice des personnes spoliées de leur santé.
Mais au-delà des drames personnels et de la nécessité pour les victimes à être reconnues, c’est tout le rapport de notre société aux contaminations qu’il faut renverser. Pour cela, il convient que les personnes et les organisations qui se sentent concernées par ces contaminations unissent leurs forces au sein d’une structure fédératrice.
Les crimes industriels doivent être jugés comme tels
Les conséquences sanitaires d’une contamination industrielle prennent souvent des années, voire des décennies avant de se déclarer. Cette temporalité très longue est une excuse idéale pour refuser d’établir un rapport entre une pathologie et une contamination : les pièces à conviction ont disparu, les dirigeants des entreprises polluantes et les responsables politiques qui ont pu fermer les yeux ne sont plus en place. De surcroît, les entreprises incriminées, souvent multi millionnaires, ont à leur service des hordes d’avocats spécialisés en face desquels une victime seule, malade et appauvrie ne peut pas se défendre.
Dans le contexte actuel, c’est à la victime sans moyens de démontrer qu’elle a été contaminée, et non aux industriels de prouver que leur activité est sans risque pour la santé des salariés et des riverains, ou, a minima, de montrer que les personnes ont été averties des risques et indemnisées en conséquence.
Des dizaines de milliers de familles sont empoisonnées quotidiennement sur leur lieu de vie ou leur lieu de travail par des agents toxiques ou cancérogènes, en toute impunité. Depuis le siècle dernier, la nocivité de nombreux produits chimiques est bien connue : les responsables des structures qui les ont utilisées ou qui les utilisent encore aujourd’hui sont parfaitement conscients du risque qu’ils font prendre aux personnes environnantes, et des conséquences à long terme sur leur santé. Ce sont donc des criminels qui assassinent, en toute impunité et en toute légalité, un nombre considérable de gens à petit feu. Les responsables politiques qui laissent faire sont complices d’un crime de masse.
Il est fini le temps où il semblait normal de mourir à 50 ans d’une silicose pour travailler dans une mine, ou d’un cancer de l’amiante pour travailler dans la sidérurgie, ou simplement pour vivre du mauvais côté du périphérique ou sur un terrain vendu contaminé. La contamination aux produits chimiques n’est ni une fatalité, ni un châtiment divin : c’est une question de volonté politique.
Il s’agit aujourd’hui de faire reconnaître le crime industriel au regard de la loi, et d’inverser la charge de la preuve : c’est à l’entreprise de prouver sa bonne foi, et non à la victime de prouver qu’elle a été intoxiquée. Si l’entreprise ne peut pas démontrer, via une expertise indépendante, qu’elle est exempte de toute contamination, alors les responsables de l’entreprise et, le cas échéant, les responsables politiques qui les auront couverts doivent être jugés et condamnés pour les préjudices subis.
Faire reconnaître l’Environnement Sain comme droit fondamental
Un environnement sain ne porte pas atteinte à la santé des personnes et du vivant dont nous faisons partie. Chacun a le droit fondamental de respirer, de boire, de vivre dans des conditions favorables à sa santé.
La santé est notre bien le plus précieux. Elle prévaut sur les enjeux économiques, politiques et financiers. Le respect de l’environnement sain doit être un pré requis aux activités humaines. Pour cela, il est nécessaire que l’environnement sain soit reconnu par la loi comme un droit inaliénable.
Pour faire respecter ce principe, des commissions indépendantes, dans les quartiers et sur les lieux de travail sont nécessaires. Dans l’immédiat, le rétablissement des CHSCT supprimées par le gouvernement Macron et le renforcement de leurs pouvoirs sont indispensables.
Finissons- en avec l’impunité des pollueurs et le cynisme des décideurs
Imposons enfin la santé comme priorité«
Pantin, le 6 Juin 2019