Avril 2019
Le soulèvement populaire des Gilets jaunes, le combat pour la justice climatique, le développement des Zad mettent l’écologie au centre du débat public.
Les Gilets jaunes animent un mouvement de survie sociale et écologique qui, pour la première fois, implique massivement les classes populaires. Ils imposent le débat sur des questions écologiques : déplacements contraints, étalement urbain, précarité énergétique, taxe carbone, services publics de proximité… mais aussi désobéissance civile, convivialité des ronds-points, contestation de l’organisation verticale et jacobine du pouvoir dans les organisations…
Avec plus de deux millions de signatures de la pétition de l’Affaire du siècle et la grève scolaire du 15 mars, les marches climat appellent à la convergence entre «les fins de mois et la fin du monde». Notre-Dame-des-Landes est une victoire historique du même type que le Larzac. Les Zad, malgré la politique autoritaire et liberticide du gouvernement Macron-Philippe, continuent à se développer de Bure à EuropaCity, de Roybon à la LGV Lyon-Turin.
L’échec de l’écologie de marché entraîne celle de l’écologie d’accompagnement
Ces mouvements sont l’expression d’une résistance des peuples à la crise sociale écologique accélérée par la mondialisation capitaliste. Elles sont la réplique française au mouvement des places, des Indignés, d’Occupy Wall Street, des révolutions arabes, de la révolte des peuples indigènes contre l’extractivisme, des mouvements d’émancipation qui, du Rojava au Chiapas en passant par la Catalogne, contestent l’ordolibéralisme.
Pourtant, paradoxalement, l’écologie politique n’est plus qu’un champ de ruines.
L’écologie libérale de marché a démontré avec le ministère Hulot son échec programmé et sa capitulation face au productivisme : glyphosate, Montagne d’or et forages pétroliers en Guyane, reculs sur le nucléaire, sur le Ceta [l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne], sur Bure, sur l’huile de palme, sur la loi Alimentation et sur la loi Littoral… La preuve est faite. Le capitalisme repeint en vert, qu’on l’appelle économie verte, économie circulaire, développement durable, est un leurre.
L’échec de l’écologie de marché entraîne dans sa foulée celle de l’écologie d’accompagnement. Si un parti Vert était nécessaire dans les années 1980 et 1990 pour éveiller les consciences, il est désormais obsolète, ses tâches ayant été accomplies. L’illusion de réunir tous les écologistes au sein d’une même famille ne peut plus tenir lieu de programme. D’autant plus qu’émerge une 4e écologie politique, celle de l’écofascisme.
Pour les signataires de cet appel, le temps est venu d’un mouvement de l’écologie populaire et sociale. L’écologie populaire de transformation suppose une politique de rupture avec le capitalisme vert et une convergence des luttes sociales et environnementales. Cette écologie converge vers les objectifs : elle se retrouve pour prôner une décroissance soutenable, défendre les communs, l’entraide, la coopération, lier biodiversité et diversité humaine, lutter contre toutes les dominations sociales (genre, ethnique, social), défendre la souveraineté alimentaire et l’agroécologie, en finir avec les «grands projets inutiles», les crimes industriels (usines Seveso, amiante, produits toxiques…) participer à la mise en place d’une démocratie par en bas. Elle se réclame de René Dumont, d’André Gorz, de Félix Guattari, de Murray Bookchin.…
Nous ne pouvons pas rester des spectateurs du mouvement historique actuel
Mais son émiettement la rend impuissante. L’écologie populaire, si elle prenait conscience de sa force et s’organisait dans un pôle unifié de l’écologie de transformation, deviendrait une force incontournable capable de donner une perspective politique claire à tous les déçus de l’écologie politique et d’une gauche déboussolée. C’est pourquoi nous appelons à une Constituante de l’écologie populaire et sociale (EPS), ouverte à tous les courants de l’écologie de transformation pour refonder le projet écologiste sur des fondations de rupture avec le capitalisme vert. Nous ne pouvons pas rester des spectateurs du mouvement historique actuel. Nous ne pouvons plus rester chacun dans notre chapelle, attendant que la réalité des crises écologique et climatique nous donne raison. Unir nos forces est une nécessité. C’est pourquoi l’assemblée générale de cette constituante pourrait se donner comme ordre du jour :
- Identifier ce qui nous rassemble et ce qui nous divise en proposant une charte commune de l’écologie populaire et sociale; et lancer les débats de fond sur ce qui ne fait pas consensus entre nous;
- Proposer des campagnes communes rassemblant les groupes locaux qui se réclament de cette mouvance pour crédibiliser notre démarche et la rendre visible;
- Lancer une dynamique de rassemblement à travers une conférence permanente de l’EPS, une Université d’automne, des outils numériques communs…
- Préparer l’émergence de listes municipalistes, citoyennes, écologistes et sociales en 2020.
Nous appelons les écologistes organisés ou non, tous les groupes, mouvements et organisations locales ou nationales à nous contacter pour préparer ensemble cette Assemblée constituante de l’écologie populaire. Que vous soyez écologistes sociaux, municipalistes libertaires, écosocialistes, objecteurs de croissance, écoféministes, écosyndicalistes, écologistes radicaux, zadistes, écologistes membres de la France insoumise, du Nouveau Parti anticapitaliste, d’Ensemble, d’Alternative libertaire, d’Écologie sociale, Objecteurs de croissance, du Mouvement écolo, gauche d’Europe Écologie-Les Verts, courants autonomes et libertaires de l’écologie radicale, écocommunistes, militants antispécistes, Gilets jaunes ou Gilets verts, si vous vous reconnaissez dans ce texte, réunissez-vous dès maintenant dans des assemblées locales, régionales de l’écologie populaire en vue de la tenue de la première Assemblée constituante de l’écologie populaire et sociale.
Pour le pouvoir au peuple, pour le peuple et par le peuple!