Génération Z : une révolte populaire transnationale contre l’ordre établi

« La jeunesse est la flamme de la révolution », ainsi parlait Karl Liebknecht, le spartakiste allemand. Et c’est vrai dans toutes les révolutions. Les révoltes intervenues ces dernières années sur plusieurs continents : Sri Lanka en 2022, Bangladesh et Kenya en 2024, Serbie, Indonésie, Népal, Madagascar, Maroc, Pérou en 2025 sont marquées du sceau de la Génération Z. Avant elle il y eut la génération de la résistance, celle de Mai 68, celle des millenium…

La Génération Z représente aujourd’hui 30 % de la population dans le monde. Elle regroupe aussi bien des adolescents que des jeunes majeurs actifs. La jeunesse joue un rôle central, en particulier dans les grandes villes capitales de Rabat à Katmandou. Dans de nombreuses nations en Afrique, Asie, Amérique latine, la Génération Z, bien que n’étant pas au pouvoir, constitue désormais la majorité démographique.

Ses revendications sont incarnées par le drapeau pirate du héros de One Piece, manga le plus vendu de l’histoire. Ce drapeau s’est imposé en quelques semaines comme le symbole de toute la Gen Z. Ce drapeau symbolise toutes les revendications de cette génération en lutte contre le vieux monde : le rejet de la corruption, le désir pour plus de justice sociale et la solidarité en valeur cardinale, le rejet du capitalisme et ses avatars néolibéraux, l’aspiration à une vie meilleure, à la liberté. La Génération Z réclame ce qui lui est dû. La dignité est très importante pour elle, tout comme les besoins fondamentaux et le bien-être. Elle dénonce un appauvrissement programmé de la population.

Un fil vert et rouge relie ces contestations : une défense des principes fondamentaux sous la menace du péril néofasciste; l’éducation, l’alimentation, la santé sont des communs à protéger ; la démocratie est à régénérer par la démocratie directe ; La « génération Z » est la première victime des profondes inégalités qui traversent les pays du Sud Global.

Plus les riches et leurs familles accumulent de richesses et un patrimoine supérieur à celui cumulé de la population ainsi paupérisée, plus les pauvres sont pauvres. Plus les riches sont riches et plus ils montrent leur mépris face aux à toutes les victimes de la prédation capitaliste et plus la jeunesse vit ce mépris comme une provocation. Car cette jeunesse n’a aucune perspective d’avenir autre que d’émigrer ou d’avoir un travail précaire. La jeunesse est au cœur des contradictions sociales de ces pays où la moyenne d’âge ne dépasse pas les 25 à 30 ans et où un tiers des jeunes de 15 à 30 ans n’accèdent ni aux études, ni à la formation, ni à l’emploi.

Chaque année, des millions de jeunes quittent leur pays pour chercher un avenir à l’étranger où comme migrantEs, ils occupent dans la construction, le nettoyage, la domesticité, la restauration ou l’hôtellerie dans les pays du Golfe ou en Europe les emplois les plus précaires, exploités, parfois même esclavagisés.

Plus les riches sont riches, plus l’économie devient informelle et produit de la misère, plus les élites se partagent le pouvoir où elles défendent uniquement leurs propres intérêts contre ceux de la majorité de la population. Aujourd’hui plus de deux milliards de femmes et d’hommes travaillent dans l’économie informelle. Le prolétariat de masse dans tous les coins de la Terre c’est d’abord ces millions de personnes et la Génération Z en est le cœur battant. C’est pourquoi la fracture générationnelle s’est transformée en fracture politique et sociale.

Les formes de lutte de cette génération sont partout les mêmes. Elles reposent sur l’horizontalité, la décentralisation et l’auto-organisation. La Gen Z est la première génération totalement numérique donc c’est naturellement sur les réseaux sociaux que ces mouvements naissent et que se produit la contagion d’un pays à l’autre avec l’utilisation des réseaux sociaux, comme TikTok, Discord, Telegram, Signal ou X. Les réseaux sociaux sont les hauts parleurs de notre époque. Ils ont permis de coordonner les révoltes et les manifestations de rue Ils ont permis au peuple de s’exprimer, de reprendre la parole. Les jeunes “zoomers” préfèrent les plateformes de streaming et les rapports interactif. Le verbe anglais « to zoom » signifie « se déplacer à toute vitesse ». Ces enfants du numérique aspirent à une organisation plus horizontale du travail et de la société. La Gen Z invente ses propres codes où elle communique par elle-même sur ses revendications, montre sa solidarité et tourne en dérision les pouvoirs politiques.

Les soulèvements récents sont interconnectés sur les réseaux sociaux au niveau planétaire. Dans chaque pays, une étincelle suffit pour mettre le feu à la plaine : une pénurie d’eau ou d’électricité, le blocage des réseaux sociaux au Népal, des soins hospitaliers indignes au Maroc, des inondations destructrices, des victimes de la répression, l’assassinat de militants. Dans la rue et en ligne, une mobilisation tous azimuts part à l’assaut de pouvoirs corrompus et vieillissants, contre le népotisme et la vie chère quand elle ne participe pas à la chute de régimes et à l’organisation de nouvelles élections. Une stratégie flexible dans sa forme, adaptable aux circonstances et sans commandement centralisé. Les luttes de cette génération se présentent aussi comme un refus d’un héritage trop lourd à porter pour les générations futures.

La Génération Z se vit comme une communauté politique mondiale, soudée par les mêmes combats. En dehors de cette spontanéité créatrice et ouverte vers de nouveaux horizons, ce qui manque c’est un Récit commun, celui d’une société désirable. Le XXème siècle a enterré l’espoir suscité par le socialisme et le communisme au XIXème siècle. Le XXIème siècle est pour cette génération de combattants un siècle sans avenir.

Pour nous à PEPS, l’espoir se nomme l’écologie de libération. Pour la Génération Z, l’écologie n’est pas inconnue et abstraite. Les jeunes du monde entier en ont conscience, même s’ils utilisent toutes les possibilités offertes par les outils technologiques dévoreuses d’énergie donc dépendantes de l’extractivisme, ils souhaitent aussi préserver leur environnement de la pollution et se mobiliser contre les effets du dérèglement climatique. Car là aussi leur combat pour une vie meilleure est en cause.

Mais l’écologie bourgeoise des classes supérieures leur fait horreur. Il y a donc urgence à trouver la cohérence dans le débouché politique de ces luttes, notamment l’objectif d’une société écologiste et communaliste libérée du capitalisme et de la ploutocratie confisquant les Communs, contre la précarité et l’exclusion, pour une sécurité sociale de l’alimentation, du logement, de la culture, pour un revenu décent et une démocratie des Communs débarrassée du présidentialisme. Vive la Seconde Commune !

De tout cela nous parlerons à notre Congrès ouvert à tou-t-es à Paris les 7, 8 et 9 novembre. S’inscrire: https://framaforms.org/bulletin-dinscription-au-congres-de-peps-2025-1756261306

Le programme :

https://sh1.sendinblue.com/3gu35j8u64lpfe.html?t=1760089758664

PEPS, le 10 octobre 2025