L’Edito de PEPS :  Primaires de l’écologie, la clarification

La victoire de Yannick Jadot face à Sandrine Rousseau à l’issue des primaires organisé par le Pôle écologiste et Europe Écologie constitue une clarification au sein du mouvement écologiste. L’écologie libérale et néo centriste l’a emporté face à une écologie radicale, clairement à gauche. Nous ne sommes pas étonnés de ce résultat qui acte la volonté de la part de la base sociale des écologistes d’accéder à une écologie de gouvernement qui gère les affaires en mettant en avant une croissance verte adaptée au capitalisme à peine reverdi.

Les thèmes de la décroissance, de la lutte antiraciste, de l’écoféminisme, de l’intersectionnalité, de l’écologie sociale de rupture mis en avant par d’autres candidat.es dont Sandrine Rousseau a été le porte-voix seront écarté.es par les tenants de l’écologie d’accompagnement. Il ne peut en être autrement car l’écologie « officielle » dont est porteur Yannick Jadot et la direction d’EELV s’adresse d’abord aux classes moyennes à capital culturel aisé des centres villes des métropoles urbaines. Ce n’est pas une écologie qui émane des quartiers populaires et périphériques, des banlieues, du monde rural ou du salariat précaire. Cette différenciation sociale, l’écologie d’accompagnement ne l’entend pas.

S’il en est ainsi c’est que comme il y a eu, il y a longtemps deux âmes du socialisme, il n’y a pas une seule écologie mais plusieurs. EELV n’a pas le monopole de l’écologie parce qu’entre l’éco fascisme, l’écologie profonde, l’écologie libérale et sociale-démocrate, et l’écologie de rupture et sociale, il n’y a pas de convergences possibles parce que les projets sont contradictoires.  EELV confond la majorité culturelle qui opte pour la défense de l’environnement et une majorité écologiste qui, elle, n’existe pas.

Parce que l’écologie politique suppose des ruptures profondes pour en finir avec le mode de production et de consommation dominant. Dire « sauver la planète » ne suffit pas si l’on ne dit pas comment. Le greenwashing de l’écologie de marché est un leurre. Pourtant Yannick Jadot ne cesse d’en appeler aux entreprises, aux entrepreneurs. Il leur a fait la cour à l’Université du Médef. Comme il a été à la manifestation des policiers organisés par les syndicats liés à l’extrême droite. Ceux et celles qui l’ont fait gagner au deuxième tour de la primaire sont les députés élus en 2017 sous l’étiquette de la République en Marche : Cédric Villani, Mathieu Orphelin, Paula Forteza, Aurélien Taché, ceux-là même qui ont voté la suppression de l‘lSF et l’abrogation de pans entiers du code du travail, ceux qui n’ont rien fait pour s’opposer au glyphosate.

Si Sandrine Rousseau a perdu, c’est que l’appareil tout entier d’EELV a tout fait pour la marginaliser. Le parti voulait à tout prix éviter que les idées de l’écologie de rupture l’empêchent de négocier un accord avec le PS et peut être le PC pour les législatives. Ces gens s’identifient aux Grünen allemands qui dans plusieurs Lander gouvernent déjà avec les conservateurs ou aux Verts autrichiens qui avec le Chancelier Kurtz appliquent le même programme sur l’immigration qu’il mettait déjà en œuvre avec les néofascistes autrichiens.

Parce que cette écologie de gouvernement n’est pas un problème franco-français et dépasse même le niveau européen. A PEPS nous estimons que parce que l’écologie sociale est le nouveau paradigme ou si l’on préfère, qu’il y a une centralité de l’écologie, les débats doivent se trancher au sein de l’écologie politique mais pour cela, Il faut que l’écologie sociale puisse devenir une force politique à part entière.

C’est pourquoi nous appelons les déçus de la primaire d’EELV qui ont défendu notamment les idées de Sandrine Rousseau à ne pas baisser les bras et de travailler avec nous à la construction de cette force alternative. Nous savons parce que nous l’empruntons depuis deux ans que ce chemin est escarpé, qu’il n’est pas évident mais que cette longue marche est la seule quoi puisse à la fois rassembler la gauche radicale, les groupes issus des Gilets jaunes, les décroissant.es, les écosocialistes, les écoféministes et les militant.es de l’antiracisme politique. 

Quant à l’échéance présidentielle, nous prendrons en toute indépendance notre position les 11 et 12 décembre prochain à l’occasion de l’Assemblée Générale de PEPS. Nous ne sommes pas pressés car le présidentialisme et sa course de chevaux n’est pas notre tasse de thé. Nous ne croyons pas aux hommes ou femmes providentiel.les. Nous savons que les militant.es écologistes et le peuple de gauche aspirent à l’unité. Mais cette unité ne peut se faire en se rassemblant quoi qu’il en coûte derrière un nouvel Hollande, fusse -t’il écologiste.

Le temps est d’abord à l’auto-organisation, à la convergence des luttes sociales et environnementales, à la fédération de toutes celles et de tous ceux qui croient à l’écologie de rupture contre un système capitaliste et un bloc bourgeois triomphant Nous savons bien que la montée en puissance de Zemmour effraie beaucoup d’entre nous. Mais cette hégémonie culturelle de l’extrême droite et cette fascisation du débat public exigent une réponse qui se fonde sur une vision de monde qui rompt avec le consensus libéral qui a dégouté les classes populaires de la politique.  C’est ce nouvel horizon, ce nouvel espoir qu’il s’agit de concrétiser.

PEPS, le 3 octobre 2021