Seine et Marne:  Pour une politique écologique et sociale des transports, soutien aux grévistes de Transdev

Ce matin, nous étions plusieurs élu·es du groupe de la gauche et des écologistes* à Melun Val de Seine à être venus soutenir la grève et les personnels grévistes de Transdev qui luttent contre la détérioration de leurs conditions de travail. Nous étions accompagnés d’autres élu·es et militant·es de notre agglomération. Il y avait aussi de nombreux syndicalistes raffineurs, cheminots, infirmières, etc. Et aujourd’hui, les grévistes accueillaient aussi Jean-Luc Mélenchon, venu à Vaux-Le-Pénil les soutenir.

Au mois d’août dernier la majorité communautaire a renouvelé pour 6 ans son partenariat avec Île-de-France Mobilités pour la délégation de service public à Transdev**. Il se trouve que Transdev, une entreprise privée, déjà détentrice du marché précédemment, a présenté l’offre la plus concurrentielle tout en accédant à la demande d’une amplitude et d’un périmètre de service plus grands.

L’argument de la majorité communautaire pour choisir Transdev avec Île-de-France Mobilités était que Transdev nous promettait 20% d’économies par rapport au précédent contrat. Comment Transdev réalise ce tour de force d’offrir un service plus important en présentant l’offre la moins chère du marché et de 20% moins chère que le contrat précédent ? En dégradant les conditions de travail de ses salarié·es. Et pourquoi ?Pour obéir à la seule loi du capital : engranger davantage de profit.

Cette situation n’est pas seulement l’affaire des salariés de Transdev c’est aussi l’affaire des usager·es parce que ces logiques de profit dégradent toujours le service pour les usager·es. Le choix que nous ferons de soutenir cette grève, alors même qu’elle nous pénalise, est déterminant. Un conducteur ou une conductrice de bus a le droit, comme nous tou·tes, à des conditions de travail qui lui permettent de vivre correctement et un salaire qui le rémunère pour le service qu’il rend à la collectivité.Or, son service est essentiel. Nombre d’entre nous empruntent ces bus tous les jours pour nous déplacer à Melun Val de Seine mais aussi pour aller à la gare de #Melun et partir travailler souvent loin de chez nous.

Nous avons besoin que ce service fonctionne et nous avons besoin que ce service fonctionne dans de bonnes conditions de fiabilité et de sécurité pour les usager·es. Une conductrice ou un conducteur de bus a la responsabilité de ses passager·es et doit être vigilant. Son travail requiert beaucoup d’attention pour la route mais aussi pour ses passager·es. Ils et elles peuvent être confrontés à des situations compliquées et sont sans cesse en contact avec la société. Jamais aucun service de qualité ne s’est construit sur l’exploitation et l’humiliation de celles et ceux qui rendent ce service. Sauf à les y contraindre par la force.

Parmi les doléances des personnels : La promesse de garantie des rémunérations n’a pas été respectée. 9 à 10 heures supplémentaires par semaine. Semaine de 42h payée 35h. Double vacation imposée. Amplitudes horaires incompatibles avec leur sécurité, celle des usager·es et une vie personnelle et familiale (exemple d’un conducteur : 6h18-11h51 et 13h29-19h06). Certain·es, qui habitent loin, n’ont parfois pas le temps de rentrer chez eux. Le service est désorganisé et il arrive qu’à la prise de service le bus ne soit pas au bon emplacement. Ce qui engendre des retards pour les usager·es.Cette grève est importante pour les personnels de Transdev mais aussi pour nous, usager·es du service.

Reste un argument fondamental pour moi, la transition écologique : aucune transition écologique ne se fera sans démultiplier les transports en commun et les formes de transports en commun ou partagés, pour répondre à la fois à l’impératif de diminuer nos émissions de CO2, mais aussi à tous les besoins de mobilité qu’a créé notre société moderne. Or, nous n’avons pas besoin de transports collectifs au rabais. Nous avons besoin de transports collectifs qui fonctionnent bien et qui nous permettent de nous passer le plus souvent possible de la voiture individuelle. Donc, nous avons besoin que les femmes et les hommes qui les font fonctionner soient traités correctement et nous avec eux.Celles et ceux qui croient que la voiture électrique est la solution et sont entretenus dans cette illusion par des femmes et des hommes politiques, se trompent. Les coûts écologique et humain de la voiture électrique sont exorbitants. De l’extraction des matières premières aux déchets extrêmement toxiques que cette industrie génère, en passant par la quantité d’énergie électrique à produire si son usage devait se généraliser : à toutes les étapes du processus, la terre est violée, ses ressources sont pillées, polluées, des femmes et des hommes sont exploités, souvent maltraités, et le vivant est abimé au bénéfice d’un club de milliardaires.

En outre, les conséquences géopolitiques d’un tel choix économique sont aussi désastreuses puisqu’il nous rend dépendant des pays ou des multinationales extractrices et des marchés financiers internationaux. L’usage de la voiture électrique doit être contenu et s’adresser en priorité à toutes celles et ceux pour qui l’activité, le lieu de résidence ou la condition, rend la voiture individuelle indispensable.

La voiture électrique est un mirage ou plutôt le miroir aux alouettes. Les alouettes, c’est nous et c’est eux qui tiennent le miroir. Qui parmi nous aura les moyens de se payer durablement une voiture électrique ? Tandis que les transports en commun se dégradent une petite partie de la population s’achète des voitures électriques et bénéficient déjà de privilèges hors de portée des autres.

Le transport écologique est le transport partagé, les mobilités actives et les kilomètres qu’on ne parcourt plus parce qu’on aura réussi à relocaliser les échanges économiques qui peuvent l’être. Autrement dit, les transports en commun sont indispensables à la transition écologique et la grève des personnels de Transdev est notre affaire à tou·tes !C’est pour ça que je les soutiens.

La caisse de grève c’est par là 👉https://www.cotizup.com/mec-grevistes

Benedicte Monville

Élue à Melun et à la CAMVS
Ex-Conseillère régionale IDF