
Prise de parole de PEPS
Ce matin nous nous sommes réunis pour apporter notre soutien à Ritchy Thibault, Gilet jaune, activiste anti raciste, figure de ZOR, association de défense des gens du voyage et co-porte-parole de Peps qui est convoqué ce jour, veille de la manifestation du premier mai, au commissariat de police, pour avoir relayé un visuel qui appelle à « déborder le dispositif » lors de la manifestation du premier mai.
Immédiatement Laurent Nunez, préfet de police, a exprimé sur les plateaux télé sa volonté d’interdire Ritchy de manifestation. Ses propos ont été largement commentés sur Cnews et Europe 1, instruments de propagande du milliardaire Bolloré, dont le projet avoué est l union entre la droite et l‘extrême droite avec le soutien des catholiques intégristes. Depuis, une campagne de haine se déchaîne sur Ritchy, insulté et menacé de mort sur les réseaux sociaux.
Pourquoi tant de haine ? Ritchy incarne tout ce que l’extrême droite déteste : le droit de à l’existence de toutes et tous, le droit à l’égalité, à la dignité au respect, quelle que soit son origine sociale, sa couleur de peau, son genre ou sa religion. Comme chacun de nous à Peps, collectif pour une écologie populaire et sociale, Ritchy défend la mise en place d’une société fondée sur le pouvoir populaire, avec la constitution d’assemblées décisionnaires où nous décidons nous mêmes de notre avenir. Nous sommes les enfants de la Commune de Paris et les héritiers des Gilets jaunes. Comme les zapatistes du Chiapas ou les kurdes du Rojava, nous défendons un monde écologique, sans exploitation des humains et de la nature dont nous faisons partie, où la vie est préservée dans toutes ses dimensions et toute sa diversité. Nous défendons un avenir pour nos enfants, une planète habitable, les moyens pour chacun et chacune de se loger, de se nourrir, de transmettre son histoire, sa culture, sa religion, sans hiérarchie, son état de santé ou dépendance, dans la paix et la sécurité, partout dans le monde.
Ce projet de société est révolutionnaire et Ritchy en est l’un des porte-voix. C’est une lutte pour la vie contre le capitalisme mortifère Cela suppose de se lever contre la surexploitation dans le monde du travail et en dehors. C’est pourquoi la manifestation du premier mai est importante : journée internationale de grève, elle commémore l’attentat fomenté par le chef de la police de Chicago contre les ouvriers, en 1886 et la fusillade de Fourmies en 1891. Elle fait partie de l’histoire de la lutte ouvrière et de l’émancipation des opprimés face à la répression d’État. Le premier mai est notre journée, et Ritchy y a toute sa place.
Chaque année, le premier mai est le théâtre d’affrontements sur Paris : le problème ne vient pas de Ritchy ou de la jeune garde antifaciste, mais d’un dispositif policier brutal, qui nasse et utilise des armes létales contre les manifestants.
Le problème vient d’une militarisation de la société où les bavures policières sont couvertes par l IGPN, où les policiers municipaux se voient octroyer des droits de police judiciaire et des armes, où des hommes sont armés dans les transports, où la sécurité privée a envahi les espaces publics. Quand je suis dans la rue, je n’ai pas peur de la jeunesse, qui est notre avenir, mais je me tiens très éloignée de la police. La police nous protège, mais qui nous protège de la police ? Y-aura-t-il des affrontements demain ? Si demain le dispositif, c’est une place d‘Italie nassée et bombardée de gaz lacrymogènes, c’est possible.
La police française est connue pour sa brutalité. Nous vivons une période sombre où dénoncer un génocide, c’est faire l’apologie du terrorisme, où descendre dans la rue avec un gilet jaune, c’est faire preuve de sédition, où protéger les arbres qui nous font respirer et les nappes phréatiques qui nous permettent de boire, c’est de l’éco terrorisme, où porter une robe longue ou un voile, c’est du fondamentalisme religieux.
Le gouvernement utilise sa police pour se maintenir son pouvoir, et s’appuie sur l’extrême droite et ses media pour véhiculer la peur de l’autre et garder le contrôle sur des habitants qui ont de plus en plus de mal à vivre. A chaque crise, on ressort les bouc émissaires du placard. Les media d’extrême droite glorifient la France comme le pays des droits de l’homme et se cachent derrière ce mythe pour parler démocratie. Cnews et C8 pourtant été condamnés 57 fois pour manquements, fausses informations, incitation à la haine. Après les crimes racistes de 1973 et des années 80, ce sont aujourd’hui les musulmans qui font les frais de la propagande d’extrême droite soutenue par les gouvernements Macron. Ca fait plusieurs années que ça dure. Peps était déjà à la manifestation contre l’islamophobie de novembre 2019. Depuis la dissolution du CCIF, les atteintes à l’intégrité des personnes de confession musulmane se sont multipliées. Aujourd’hui des milices d’extrême droite attaquent des kurdes et des militants syndicaux. L’assassinat islamophobe d’Aboubacar Cissé, toutes nos pensées vont à sa famille, dans une mosquée la semaine dernière est une conséquence de ce climat irrespirable.
Attaqués par des milices ou des individus se réclamant de l’extrême droite, réprimés par une police dont la moitié des agents votent RN, comment assurer la protection de nos camarades les plus exposés ? Pour peps il ne s’agit pas de la création d’une branche armée qui prônerait la guerre civile : nous privilégions la non-violence et la désobéissance civile dans nos modes d’action. A l’image du secours rouge mis en place au XXe siècle, il s’agit, en lien avec les collectifs déjà constitués et les syndicats, d’assurer la protection et la solidarité envers nos camarades et leurs familles : outils anti-répression, legal team, solidarité active. Si je suis seule, je suis vulnérable. Si nous sommes ensemble, nous sommes plus forts.
RDV demain jeudi 1er mai dans les manifestations partout en France! Ce n’est qu’un début, continuons le combat.
Peps, le 30 avril 2025.