Le week-end qui vient (du 24 au 26 mai), deux importantes mobilisations écologistes vont avoir lieu en Île-de-France, l’une portée par Extinction Rebellion avec une coalition, va une nouvelle fois s’en prendre à l’Assemblée Générale du pétro-groupe TotalÉnergies, champion international des écocides : l’autre organisée par les Soulèvements de la Terre va investir le chantier de Greendock, un entrepôt titanesque en construction sur le bord de la Seine dans le Nord de la banlieue parisienne.
Une lutte globale et une lutte locale qui constituent un tournant dans la mobilisation écologique car elles attaquent à la racine des pollutions : l’économie du pétrole et celle de la logistique. Elles sont en cela fondamentalement radicales.
PEPS soutient ces deux mobilisations et nous serons présents sur le terrain parmi les activistes.
Nous voulons défendre nos raisons de rejoindre ces combats, car, comme chaque lutte écologiste, ces mobilisations radicales n’en sont pas moins traversées par des contradictions politiques, entre l’écologie d’accompagnement du capitalisme et l’écologie de rupture, entre l’environnementalisme et l’écologie populaire. Nos luttes sont politiques, elles visent à construire un monde nouveau sur les cendres du Capitalisme. Mais si aujourd’hui nous sommes comme le lierre et la ronce à grimper sur sa façade, à percer ses structures et à nous glisser entre ses pierres, il nous faut être d’autant plus vigilant au contexte et à la portée de nos actions.
TotalEnergies c’est le roi du pétrole, l’entreprise coloniale française par excellence ayant fait fortune dans l’extraction de pétrole et de gaz dans les pays du Sud et avant dans les colonies françaises. Corporation plus puissante que bien des États, cette multinationale collectionne les écocides comme un colon collectionne les trophées de chasse dans la savane. Son plus grand fait d’arme ? Avoir invisibilisé pendant plus de 50 ans les effets des énergies fossiles sur la composition atmosphérique terrestre. En payant des scientifiques pour faire des publications mensongères et détourner la vérité du réchauffement climatique global, le groupe Total est l’un des principaux responsables de la destruction du seul environnement compatible avec la vie humaine. Ses marchands de doute ont agi à l’échelle de la planète en copiant les méthodes des lobbies du tabac pour cacher ses effets sur nos corps et nos poumons. En cela, il n’est pas possible de considérer cette entreprise autrement que comme le Cancer climaticide de la Terre.
Son PDG actuel Patrick Pouyanné gagne pour son exercice criminel plus de 10 millions d’euros par mois rien qu’en salaire. Sa méthode ? Le greenwashing bien-sûr ! Après avoir enfumé l’opinion publique mondiale en disant que les gaz à effet de serre n’avaient pas d’impact significatif sur le climat, le nouveau mensonge est simple : « nous avons changé, nous allons résoudre le problème, faites-nous confiance ». Avec un investissement massif dans les énergies renouvelables et une communication qui se concentre dessus, Pouyanné cherche à cacher derrière un arbre la forêt d’exploitation pétrolière en constante extension qui reste la seule véritable source de revenu de Total. Depuis, d’autres boîtes lui ont emboîté le pas, comme EDF ou Engie. À ce rythme, on verra bientôt Gazprom (le géant Russe du gaz, principale arme économique de Poutine) nous expliquer qu’il produit son gaz avec des pets de vaches ukrainiennes.
TotalEnergies cherche à construire un nouveau gisement majeur et extrêmement polluant en Ouganda : Eacop. La campagne internationale de désobéissance civile en cours contre ce projet, associant habitants des territoires concernés et activistes climat, est absolument centrale dans la lutte contre le capitalisme et pour la survie de l’humanité.
À court terme, la priorité des mobilisations contre Total est l’abandon du projet Eacop. À long terme, on voit surgir malheureusement, dans le clair-obscur, des monstres de compromission. Ainsi les Écologistes, parti politique acquis à la théorie d’une écologie d’accompagnement qui veut aider les capitalistes à se transformer pour être plus durables sans arrêter leur économie écocidaire, propose de racheter une part de l’entreprise au niveau européen pour réorienter sa production vers le renouvelable. Cette illustre arnaque reviendrait avant tout à aider TotalEnergies à accélérer l’extension de son secteur renouvelable et donc, dans la conjoncture actuelle, à en faire le numéro 1 européen dans le domaine. Ainsi, nous serions dépendants pour toute transformation de notre modèle énergétique de l’entreprise qui a causé la crise climatique. Autant confier la lance à incendie à l’incendiaire ! Cette proposition est soit coupable, soit d’une naïveté proche du monde de Oui-Oui. Reprenons ce slogan des anti-total : « Ça suffit les clowneries », car ce sont les Écologistes et les Verts européens les clowns…
L’enjeu est de nous doter d’outils pour faire décroître notre consommation d’énergie, car fondamentalement, les terres rares et l’uranium ne sont pas non plus des solutions viables. La seule énergie verte est celle que l’on ne consomme pas. Et si TotalEnergies doit transitionner des puits de pétrole aux mines de Lithiums, rien n’aura changé.
Les objectifs à défendre contre TotalEnergie sont donc d’abord :
- la suppression des subventions au secteur des énergies fossiles
- la redirection de l’argent de ces subventions vers un pôle public des renouvelables et de la décroissance planifiée et choisie
- l’interdiction de toute importation d’énergies fossiles provenant de nouveaux gisements,
- La reconnaissance au plan pénal en tant que crimes contre l’Humanité des notions d’écocide et de climaticide.
À plus long terme, l’enjeu est, par la justice écologique, la destruction TOTALE de cette entreprise :
- le procès et la condamnation de ses dirigeants sur les 50 dernières années
- la confiscation de tous les biens de l’entreprise et de ses actionnaires majoritaires
- l’incarcération des marchands de doutes et de leurs donneurs d’ordre
- la fermeture, puis la défense de tous les sites d’exploitation pour en empêcher l’usage
On ne négocie pas avec les capitalistes. Cette classe vit et prospère dans les crises qu’elle génère. Elle s’inscrit dans un mouvement séparatiste vis-à-vis du reste de l’humanité, se pensant omnipotente et brillante, elle n’agira jamais pour stopper la destruction de l’environnement dont elle est responsable. Ces entreprises, on les combat, on les abat, on les condamne.
Rendez-vous le 24 mai 2024 pour l’AG des 100 de Total pour exiger son démantèlement et stopper l’ensemble de ses crimes.
PEPS, le 20 mai 2024