COMMUNIQUE DE PEPS : Contre Bure et son monde, relaxe pour les 7 militants antinucléaires

Stoppons le projet CIGEO !

Les 1er, 2 et 3 juin au Tribunal de Bar-le-Duc se tiendra le procès des sept « malfaiteurs » de la lutte à Bure. PEPS -Pour une Écologie Populaire et Sociale – soutient les inculpés. Leur procès doit être celui d’une société policière, nucléaire et productiviste.

Ce procès est celui de la criminalisation de nos luttes

Bure est devenu un gigantesque laboratoire répressif. Bure c’est après 4 années d’instruction pour « association de malfaiteurs» : des prélèvements d’ADN réalisés sans consentement, 100 téléphones placés sous écoute, 16 années cumulées de communications enregistrées et des milliers d’heures d’écoutes réalisées par la gendarmerie, un dossier de 15.000 pages, vingt et un domiciles perquisitionnés, dix militants et militantes interdits de se voir pendant deux ans et demi, des balises posées sous des voitures, des mètres cubes de matériel saisi, un harcèlement policier constant contre les opposants à l’enfouissement des déchets nucléaires.

L’accusation d’association de malfaiteurs est utilisée pour tenter de paralyser toutes les formes d’auto-organisation partout en France et ailleurs.

Ce procès des écologistes est celui de toutes celles et de tous ceux qui se révoltent contre une société injuste et inégalitaire. C’est celui des Gilets Jaunes, des habitants des quartiers populaires, des salariés qui se battent contre les licenciements, des mal-logés et des sans-papiers. Il faut en finir avec la peur et le silence. Asphyxier ce combat légitime contre l’ordre nucléaire est un test pour mieux réprimer les autres luttes à l’avenir. Nous sommes tous-tes concerné-e-s. A Bure ce sont les « malfaiteurs » qui défendent la liberté d’expression, d’opinion et d’association. Nous ne nous laisserons pas intimider. Nous ne laisserons pas Bure devenir un nouveau Tarnac.

Ce procès est celui de l’État nucléaire et du projet de Cigéo

La France est le pays le plus nucléarisé du monde par habitant. Ses installations atomiques constituent une menace pour l’Europe entière, voire au-delà. Ses gouvernements successifs et son appareil d’État soutiennent coûte que coûte une industrie nucléaire au bord de la faillite économique, et techniquement très fragilisée par de nombreux déboires dont ceux de l’EPR.

Ces centrales sont dangereuses, comme l’ont montré Tchernobyl et Fukushima. Elles sont couteuses. Leurs déchets ne peuvent être détruits et contamineront nos terres pendant des milliers d’années. Cacher nos déchets nucléaires n’est pas une solution. Ils resteront dangereux pendant des milliers d’années. Nous devons pouvoir les contrôler en permanence. Aujourd’hui il n’est pas possible de lutter contre la crise climatique sans lutter contre l’énergie nucléaire. Macron a relancé en décembre le programme nucléaire, aggravant la dette écologique du capitalisme.

Bure nous concerne toutes et tous, parce que le projet Cigeo est indispensable à la relance de la filière nucléaire française. L’État a menti : Cigéo n’est pas un « laboratoire », mais 300 km de galeries souterraines sur 12 km2 : 1 500 tunnels de 100 m de long pour stocker 60 000 fûts de déchets à « haute activité » et 50 cavités de 9 m de diamètre pour 170 000 colis de déchets de « moyenne activité à vie longue ». Les nucléocrates ont trouvé la solution pour les déchets radioactifs : les enfouir et les refourguer aux générations futures.

Mais paysans, habitants et soutiens extérieurs se sont insurgés. Gagner à Bure, c’est contraindre la filière nucléaire à s’arrêter, et l’État à reculer. Bure ne sera pas la poubelle nucléaire des nucléocrates.

Ce procès est celui de la société capitaliste et productiviste

La catastrophe agro-industrielle et écologique menace de transformer la région en désert social. Le capitalisme menace directement la survie des territoires et de leurs habitants. Notre priorité ne peut pas être le développement des forces productives pour consommer le plus possible. Elle est de faire décroître la consommation d’énergie et de matières premières, de mettre fin aux gaspillages, pour mettre fin aux dérèglements. Elle est de subordonner le déploiement des technologies à la préservation de l’écosystème, et par là même de notre santé. Le capitalisme de surveillance, numérique, nucléaire est un capitalisme d’expulsion de la terre et des habitants.  C’est pour cela que Bure nous concerne toutes et tous.

Ce procès est celui d’une lutte d’écologie populaire

Pour sa poubelle nucléaire, l’État a choisi une région rurale en voie de désertification, pensant éviter ainsi toute résistance d’envergure. Mais les habitants refusent de voir leur terre détruite par une industrie de mort et organisent depuis 20 ans une lutte tenace pour une vie digne et libérée. Ce mouvement représente tout ce que le pouvoir déteste, la rébellion, la désobéissance, la révolte, l’Indignation et la résistance populaire. Ils veulent réprimer Bure parce que Bure ne se résigne pas, ne se soumet pas et exprime la vieille exigence écologiste : « Bien vivre, travailler et décider au pays ». 

PEPS demande la levée des contrôles judiciaires et la relaxe des personnes mises en examen, le retrait du projet CIGEO, l’arrêt du nucléaire civile et militaire.

PEPS, le 31 mai 2021