Nous n’avons plus une thune pour nous nourrir, nous vêtir, nous loger… ni poursuivre nos études. Et pourtant le gouvernement en rajoute une couche : le 8 septembre dernier, Sylvie Retailleau, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, annonçait la volonté du gouvernement de ponctionner un milliard d’euros sur le budget universitaire pour l’affecter au service de la dette. Cette restriction budgétaire intervient dans un contexte de précarité étudiante sans précédent. En effet, selon l’étude annuelle de l’association CoP1 – Solidarités étudiantes publiée dans le courant du mois, l’inflation a déjà poussé les trois quarts des étudiant.e.s a modifier leurs habitudes de consommation. La moitié ont déjà du renoncer à un repas au moins une fois, faute d’argent, 36 % craignent d’être contraint.e.s d’avoir recours à l’aide alimentaire avant la fin du second semestre. Des inquiétudes qui s’expliquent lorsque l’on lit que 50 % des étudiant.e.s, une fois payés leurs frais fixes, ne disposent plus dans le mois que d’une somme inférieure à cent euros. Moins de cinquante euros pour le quart d’entre elleux. Plus encore, près des deux tiers des précaires ont dû renoncer, faute de moyens, à recourir à des soins médicaux. Dernier indicateur et sans doute le plus parlant des effets de cette paupérisation généralisée, un.e étudiant.e sur deux exprime un sentiment de solitude absolue, récurent ou généralisé. Pour des milliers parmi les plus démuni.e.s, les deux cent cinquante mille logements CROUS manquants et les prix prohibitifs des loyers les contraignent à s’abriter en camping ou en mobile home, souvent à plus d’une heure de leur lieu d’études et pour des tarifs à peine allégés : quatre cents à quatre cent cinquante euros mensuels pour quelques mètres carrés où planter une tente, sept cents pour un mobile home, frais de chauffage non compris.
Le gouvernement Borne ne se contente pas de tolérer cette précarisation de masse par la politique d’augmentation des marges bénéficiaires sur les denrées alimentaires des grandes enseignes de l’agro-industrie et de confiscation du parc locatif par les spéculateurs de l’immobilier, il refuse de surcroît la création d’une allocation étudiante généralisée d’à peine huit cents euros réclamée le 19 septembre par une tribune de président.e.s d’université, dans le seul souci d’épargner les grandes fortunes qui seraient mises à contribution. Il annonce, nous le rappelons, un milliard de restrictions budgétaires par égard envers une dette qui ne l’a retenue de supprimer ni l’ISF, ni la Flat tax. Des suppressions de postes suivront inévitablement parmi les contractuels non titularisés qui forment le gros des troupes d’un corps professorales sous rémunéré. L’aristocratie d’état dont le cursus universitaire a été financé par le contribuable assume son intention de vendre à l’encan l’université publique au profit de l’école privée. Cette politique dont le seul objectif clair est une place dans le classement international des universités n’est pas seulement inhumaine pour la masse des plus fragiles qu’elle sacrifiera sans compter. Elle est absurde selon la logique même du néo libéralisme qui nous prépare un avenir ou nous nous trouverons en pénuries de diplômé.e.s quand toutes nos infrastructures de survie seront à réinventer : énergie, transports, eau, alimentation, communications…
Pour unir le mouvement étudiant contre la précarité, il nous faut un programme d’urgence !
Nous exigeons :
– un revenu étudiant universel. Nous sommes des travailleureuses en formation. Nous avons besoin d’un revenu minimum de 1200 euros indexé sur l’inflation, financé par une taxe sur les héritages de plus de douze millions d’euros.
– le paiement des heures de stage au SMIC, abondé par l’état en cas de défaut des entreprises et indexé sur l’inflation.
– une sécurité sociale de l’alimentation assise sur des épiceries solidaires dans tous les campus et le développement d’une offre locale par la constitution d’AMAP.
– la réquisition des logements vides ou sous-occupés et le rachat par l’état à prix bloqués des immeubles manquants pour loger notre jeunesse. Les travaux de rénovation thermique de ces logements ainsi que du bâti universitaire.
– la création d’infrastructures de transport douces pour les desservir (vélo, transports en commun gratuit, covoiturage…)
Rien ne se fera sans une justice fiscale pour financer ce programme d’urgence. Rien ne se fera si nous restons seuls, isolé.e.s dans notre coin. C’est pourquoi notre lutte contre la précarité rejoint celle de tou.te.s celleux qui se battent contre le capitalisme et le productivisme pour une transformation radicale de la société, pour le pouvoir populaire pour une Seconde Commune ! C’est pourquoi au côté des chômeureuses, précaires, salarié.e.s,nous serons dans la rue le 13 octobre à l’appel de l’Intersyndicale.
Edito conf.PEPS du 04 octobre 2023