Gilets jaunes : 5ème anniversaire d’un mouvement populaire de résistance au capitalisme

Les Gilets jaunes se sont soulevés il y a 5 ans le 17 novembre 2018. Avec cette révolte inattendue de centaines de milliers de salariés, de précaires, de retraités, de chômeurs, le, plus souvent issus de localités éloignées des métropoles, un immense espoir s’est levé .

Ceux « qui ne sont rien«  se sont organisés sur les Ronds-Points transformés en Assemblées populaires. Ils ont pris la parole, exprimant leur mal vie. Ils sont sortis de leur invisibilité et se sont battus pour leur droit à vivre mieux, au respect et le droit à décider.

Les femmes Gilets Jaunes ont eu un rôle essentiel dans ce mouvement. Souvent mères célibataires, infirmières ou aides-soignantes, personnes handicapées et/ou malades, elles ont été à l’avant-garde du soulèvement qui restera dans l’histoire comme l’héritier des jacqueries paysannes des sans culottes de 1789, des communards où là aussi les femmes du peuple avaient eu un rôle majeur.

Ce mouvement a succédé et a précédé d’autres soulèvements de « ceux d’en bas » : des printemps arabes aux indignés espagnols, des révoltés chiliens aux indigènes d’Équateur, du Hirak algérien aux campements soudanais.

Les gilets jaunes ont subi une répression féroce : des condamnations par milliers, des centaines d’emprisonnements, des centaines de mutilés qui ont perdu un œil ou une main. Une répression à la hauteur de la frayeur qui s’était emparée de l’État macroniste contesté dans ses fondements. La droite et la gauche ont craint ce mouvement populaire qui ne respectait pas les codes rituels des manifestations Republique – Bastille et qui allait directement dans les quartiers riches et à l’Élysée s’en prendre au pouvoir du capital.

Notre mouvement PEPS est directement issu des Gilets jaunes. Il est né un an tout juste après le début de ce que nous avons désigné comme le premier mouvement d’écologie populaire de survie en Europe :

Piégés dans leur vie quotidienne, victimes des dépenses contraintes (fuel, essence, loyer ou traites, assurances …), qui peuvent aller jusqu’à 70 % de leur revenu, ils ne peuvent s’offrir une nourriture saine, accéder aux services publics de proximité ( santé, poste, emploi …) ou aux loisirs. Face à la fracture territoriale et sociale et la relégation des populations, aux déserts médicaux, à la taxe carbone qui ne touchait que les pauvres et jamais ceux qui prennent les avions ou font des croisières de luxe, les Gilets jaunes, enracinés dans des territoires déshérités, ont refusé ce mode de vie contraint en insistant sur la relocalisation de l’économie et des activités, sur les circuits courts, sur la proximité, l’accès à l’énergie et la fin de la précarité énergétique.

Ils ont remis en cause la logique de métropolisation, de gentrification et ont revendiqué comme les régionalistes et les écologistes des années 1970 « le droit de vivre et travailler au pays« . Ils ont défendu les communs et les biens communs, l’extension de la gratuité, le refus des privatisations.

Le mot d’ordre écolo « moins de biens, plus de liens » a trouvé là tout son sens.

L’émergence des Gilets Jaunes comme mouvement de survie social écologique populaire change la donne.

Ils s’affirment contre la tendance générale du capitalisme, l’expulsion : expulsion des paysans par les accapareurs de terre, expulsion des ouvriers par les délocalisations, expulsion des locataires de leur logement ou des petits propriétaires chassés de leurs maisons parce qu’incapables de rembourser leurs traites, expulsion des habitants des villes petites et moyennes, faute de services publics, de petits commerces, expulsion de la terre des ressources naturelles et des matières premières par les multinationales…

Les Gilets Jaunes sont le premier mouvement en Europe à poser la question de l’écologie sociale en partant des besoins et des conditions de vie des classes populaires : transport, énergie, étalement urbain. Ils ont placé le curseur de l’écologie là où il le fallait, démontrant la faillite de l’écologie au service du capitalisme vert.

Ce mouvement dans son fonctionnement même est social écologiste.

L’émergence d’un sujet autonome qui se défie de toutes les instances intermédiaires (partis, syndicats, associations), et fixe son propre agenda à partir de ses besoins est dans son essence communaliste en agissant localement et en pensant globalement. L’autonomie du mouvement, l’absence de porte-paroles élus et identifiés, l’alliance du principe de proximité et de la souveraineté populaire locale, s’apparente au municipalisme libertaire et à l’écologie sociale théorisée par Murray Bookchin et appliqué en partie au Chiapas et au Rojava, le Kurdistan syrien.

PEPS a participé aux actions symboliques qui ont marqué le 5ème anniversaire des Gilets jaunes en portant une gerbe aux mutilés et aux blessés à l’Arc -de-Triomphe ou en balisant de jaune les accès au Champs Élysées.

Les Gilets Jaunes sont toujours présents.

Ils vivent dans le mouvement des retraites, dans les Soulèvements de la terre, dans le soutien aux luttes contre l’impérialisme de la Palestine à la lutte contre la Françafrique, dans les luttes pour le logement et contre la vie chère.

Ils vivent à travers les luttes contre Macron et son monde

Vive le pouvoir populaire ! Vive les Gilets Jaunes !