Industrie verte : Dunkerque, ville modèle de la Macronie ? Non merci!

Ce vendredi 12 mai, Dunkerque est au cœur de la stratégie de communication du gouvernement Macron et de la loi « industrie verte ». Le Président des riches, accompagné d’une clique de ministres aussi illégitimes que lui, évoquera sa vision d’un paradis néolibéral, soi-disant écologique, dont il veut faire de Dunkerque le modèle de réussite avec l’implantation, après Verkor, de l’entreprise taiwanaise Prologium technology.

Une batterie de casseroles pour un concert de pipeaux

Depuis le passage en force par le 49.3 de la retraite à 64 ans, Macron et ses ministres multiplient les visites de terrain. Partout où ils passent, les salarié.es et les habitant.es les poursuivent au son des casseroles, pour leur rappeler que leur parole n’est plus légitime et qu’ils ne sont pas les bienvenus : on ne décide pas seul contre tout un peuple, et encore moins quand on a des casseroles.

En effet, toute une batterie de casseroles est attendue à Dunkerque ce vendredi 12 mai pour une communication autour de « l’Industrie verte » :  Macron, englué dans l’affaire Ubergate, déroulera sa vision du travail. Il sera accompagné de Darmanin, ministre de la répression accusé de viol, pour parler sécurité, Pannier Runacher, ministre du greenwashing liée à Perenco, géant des énergies fossiles, pour parler écologie ; ou bien Roland Lescure, chef d’orchestre de la privatisation d’Engie, FDJ et ADP lié à un fonds de pension canadien, pour parler souveraineté.

La loi « Industrie verte » : Une loi anti écologique, en guerre contre le vivant

Le 11 mai à l’Elysée, Macron a détaillé une stratégie de réindustrialisation qui insiste sur son caractère « vert ». Mais l’industrie verte est à l’écologie ce que la retraite à 64 ans est au progrès social. Comme c’était déjà le cas avec la taxe carbone qui a mis les Gilets jaunes dans la rue en 2018, l’écologie est un prétexte à la casse sociale, alors même que la crise écologique menace l’ensemble de la vie sur terre. Preuve en est : la « pause » demandée au parlement européen sur les mesures de protection du vivant au profit du commerce et de l’industrie.

L’énergie « décarbonée », fondée sur le nucléaire, et le développement du moteur électrique pour remplacer le moteur thermique, ne sont pas la solution, ni pour l’écologie, ni pour la souveraineté énergétique. On l’a vu avec Tchernobyl, le nucléaire est dangereux. De plus, il exige de l’uranium, extrait des mines du Niger dans des conditions épouvantables. Quant-aux batteries, elles remplaceront la dépendance au pétrole par la dépendance au lithium, et l’Arabie Saoudite par l’Amérique Latine.

Le maintien de la voiture individuelle comme modèle privilégié de déplacement est obsolète. Si la voiture est encore nécessaire aujourd’hui, il faut développer toutes les alternatives en transports collectifs pour que chacune et chacun ait le même droit à la mobilité, en ville comme dans le monde rural, et privilégier la relocalisation des activités professionnelles et sociales sur le territoire.

On pourrait imaginer une politique de reconversion industrielle qui ne soit pas fondée sur l’extraction des minerais mais, par exemple, sur une activité de recyclage, comme l’avaient déjà proposé les salarié.es de Total Flandres, ou bien le développement de transports durables ou autre activité utile à la communauté et qui ne martyrise pas la terre.

Le mot clé du gouvernement pour « ses 100 jours d’apaisement », c’est une « accélération » qui viole les nécessités sociales et démocratiques d’une société qui a besoin de ralentir pour s’adapter à la catastrophe écologique. En limitant à 9 mois la possibilité d’un recours juridique suite à une décision d’implantation industrielle, le gouvernement foule aux pieds tout contre-pouvoir face à un grand projet inutile ou une pollution, et toute possibilité de faire une contre-proposition sociale et écologique, parce que la temporalité de la justice est deux fois plus longue.

Cette mesure rejoint la réforme travail qui a supprimé les CHSCT, et le processus de criminalisation des mouvements sociaux en cours. Avec le scandale de l’amiante qui tue encore des Dunkerquois.es chaque année, on sait ici que la vigilance citoyenne est nécessaire face aux industriels.

La loi « Industrie verte » :  un cauchemar néolibéral

Anti écologique, ce projet est aussi un cauchemar néolibéral. Il se fonde sur deux axes : surexploiter le travail et subventionner les industriels et les investisseurs avec l’argent du contribuable au détriment des salarié.es et des habitant.es.

Macron veut « remettre les gens au travail », comme si les Dunkerquois.es étaient des feignant.es. Il justifie ainsi la réforme des retraites, la baisse des indemnités chômage et l’obligation de travailler pour un RSA. Pour les jeunes, c’est l’orientation dès la 5e et l’apprentissage dans les industries du secteur, sans égard pour leur désir d’avenir. Il s’agit de travailler toujours plus, alors que la seule mesure raisonnable et écologique c’est la baisse du temps de travail et le partage des richesses.

En revanche, les industriels pollueurs bénéficieront d’aides pour se mettre à jour, en toute impunité malgré les désastres causés sur la nature ou la santé des riverain.es, et les entreprises « vertueuses » auront un label triple E et l’accès aux commandes publiques. C’est avec notre argent que Macron finance une politique de l’offre qui bénéficie aux plus riches. En attendant, à Dunkerque, les prix flambent et les familles ne peuvent plus se loger.

L’écologie populaire, une alternative au cauchemar de l’industrie verte

Macron développe une vision du monde guerrière, où « le combat pour le climat » rejoint la guerre de la concurrence et de la compétitivité. Ce monde est fondé sur l’exploitation du vivant, des femmes et des hommes, où le plus fort s’accapare et détruit ce qui l’entoure. Dans ce modèle, il se détruit lui-même parce que les intérêts des humains et les intérêts de la nature sont indissociables.

Pour PEPS, le monde ouvrier et les classes populaires sont la base d’une vraie politique écologique et sociale. Les salarié.es des industries sont les meilleurs connaisseurs de l’appareil productif : ils et elles doivent être les premiers acteurs d’un processus de reconversion industrielle. Si on pensait la production non plus en fonction des   profits, mais en fonction des besoins collectifs, une reconversion écologique porteuse d’emplois utiles pour le mieux vivre de tous et toutes serait possible.

Les habitantes et les habitants ont aussi le pouvoir d’agir et de décider, à travers des lieux collectifs ou des assemblées, et de construire ainsi une société solidaire.  L’autogestion on connaît, on l’a prouvé au carnaval annulé !  Nos enfants ont le droit de choisir leur formation et leur métier indépendamment du lieu de naissance, les adultes ont le droit au repos, et au bien vivre dans des conditions dignes et un environnement sain.

PEPS, le 12 mai 2023