La tribune libre de PEPS : La démocratie en crise sanitaire, on achève bien les citoyens et les citoyennes

PEPS met à disposition une tribune libre pour partager des textes de réflexion inédits, proposés par des contemporains, afin de nourrir les idées et le débat autour de l’écologie populaire et sociale. Aujourd’hui, une contribution de nos camarades du groupe local PEPS Lorient sur la démocratie en crise sanitaire.

Depuis des mois, la démocratie est attaquée par l’instrumentalisation de la crise sanitaire. Cette dernière n’a pris une telle ampleur que parce que cette même politique s’est acharnée à détruire notre système de santé : 200 000 lits d’hôpitaux fermés en 20 ans, 17 500 sous le seul gouvernement actuel. Sans parler du réseau de santé de ville : nous avons tous et toutes fait l’expérience, parfois en situation d’urgence, de rechercher une ou un spécialiste. Et de nous être entendus répondre « dans 4 ou 6 mois ».

Le 12 juillet, le pouvoir actuel décidait de déchoir une partie de la population de ses droits à l’accès au travail, aux soins, à son légitime usage de différents dispositifs sociaux auxquels par ses cotisations, ses impôts… elle participe et continue de participer. La loi qui vient d’être votée aggrave encore leur situation.

Pourtant, ne nous leurrons pas, aussi violente et insensée que soit cette loi, elle n’est qu’un élément dans un empilement de textes qui vise à diviser la société française. L’une de plus emblématiques étant la loi dite « Séparatisme », dont l’objectif à peine voilé est l’ostracisation d’une partie de nos concitoyens et concitoyennes. La Loi « Sécurité globale » a permis au pouvoir de se doter d’outils pour museler les mouvements sociaux et donc les militants et militantes qui y sont engagés.

Le gouvernement n’a plus comme arme pour persuader les Français et les Françaises de la validité de sa politique que l’insulte. Ce qui prouve l’impasse dans lequel il se trouve et nous conduit.

Peps, comme il l’avait fait pour le passe sanitaire, condamne fermement le passe vaccinale. Peps soutient les mouvements populaires qui s’opposent à cette mesure. En Bretagne, dans le Midi, à Paris, dans le Nord, ces mouvements ont rappelé samedi 8 janvier que loin d’être éteints, ils demeuraient au cœur du paysage politique, notamment à quelques semaines des prochaines élections, présidentielles et législatives. Nous sommes pleinement conscient.es que ces mouvements peuvent être utilisés par des forces antidémocratiques. Doit-on pour cela fermer les yeux sur les décisions d’un gouvernement qui n’a rien à envier à ces mêmes groupes en la matière ? Nous refusons de céder à cette manipulation.

Depuis fin juillet, chaque samedi, dans de nombreuses villes, avec ténacité, quel que soit le temps, à Noël comme au jour de l’an, des milliers de personnes manifestent. Des milliers de sous-citoyens ? Non, bien au contraire, des gens qui ont décidé de maintenir haute la flamme de leur citoyenneté. Non vaccinés et vaccinés protestent ensemble. Parmi ces derniers, certains, certaines par solidarité, mais aussi sans doute portés par une conception courageuse des valeurs humaines dont ce pays s’est longtemps targué, refusent, sauf absolue nécessité, d’utiliser le passe vaccinal auquel ils et elles peuvent prétendre.

Nous luttons pour une société juste. Une société juste ne peut exister dans le contexte capitaliste mondialisé, grand gagnant de cette crise et de nos divisions. Une société juste ne peut accepter que des parties de sa population soient exclues, quelles qu’en soient les raisons.

Nous appelons ceux et celles qui le souhaitent à rejoindre ces mouvements auprès desquels Peps se tient présent. Au-delà de la nécessaire contestation, ce pourrait être aussi l’occasion de se rencontrer pour commencer à élaborer ensemble des propositions concernant la reprise en main de notre santé en tenant compte de nos situations locales : villes, campagnes, banlieues, quartiers. Car c’est au niveau local que nous pourrons faire face aux destructions environnementales qui engendrent une bonne partie des pathologies dont nous souffrons. Des cultures intensives à la destruction des milieux humides pour créer par exemple d’inutiles et coûteux parcs de loisirs, de la déforestation au seul profit des multinationales et de leurs actionnaires, c’est sous nos pieds, au sens propre du terme que notre santé se détériore mais peut aussi se régénérer.


PEPS Lorient, le 12 janvier 2022