La Tribune Libre de PEPS : Raid et Gign en Guadeloupe, mépris des peuples, violence coloniale

PEPS met à disposition une tribune libre pour partager des textes de réflexion inédits, proposés par des contemporains, afin de nourrir les idées et le débat autour de l’écologie populaire et sociale. Aujourd’hui, une contribution de nos camarades du groupe local PEPS Lorient sur la Guadeloupe.

Le 20 novembre, le gouvernement français décide pour mettre fin à la colère guadeloupéenne d’envoyer ses troupes « d’élite », 35 hommes du Gign et du Raid[1]  afin d’en découdre avec ceux et celles que la presse aux ordres décrit comme des « émeutiers », des bandits sanguinaires. Depuis de nombreuses semaines, les Guadeloupéens et Guadeloupéennes mènent une lutte courageuse contre un Etat autoritaire qui impose brutalement la passe sanitaire et veut obliger soignants et soignantes à se faire vacciner, massacrant à la fois les libertés publiques, le droit du travail et le secret médical. Si dans l’Hexagone, la contestation est molle – le passe y a été accepté avec une docilité que de nombreuses dictatures peuvent envier – la Guadeloupe reste debout.

Cette colère lui vient de loin, de très loin. Raisons économiques, sociales mais aussi environnementales : méfaits du chlordécone[2] qui continue à tuer sans que les responsables de l’usage de ce pesticide ne soient mis en cause ni qu’une surveillance dédiée ne soit mise en place ; dégradation du système d’alimentation en eau[3], qui entraîne la consommation exponentielle de bouteilles en plastique, la pollution des eaux domestiques avec d’importantes conséquences sur le plan de la santé, la détérioration des massifs coraliens, le gâchis de millions de tonnes d’eau potable ; la prolifération des sargasses, ces algues brunes qui mettent en danger la vie des habitants et des habitantes… La plateforme des Organisations en lutte contre l’obligation vaccinale et le passe[4] dénonce les arrestations arbitraires, le harcèlement des travailleurs et des travailleuses. A cette liste s’ajoute désormais une répression habituellement utilisée pour le terrorisme ou le grand banditisme.

Nous ne voulons pas voir couler le sang des guadeloupéens, ne voulons pas d’une « Grotte d’Ouvéa bis » et dénonçons donc fermement la manière dont le gouvernement Macron traite la population guadeloupéenne, dans la plus pure tradition colonialiste. Cette population n’est pas constituée de brigands et de voyous, cette lutte est politique, sociale et environnementale. Aucune paix durable ne pourra naître du mépris et de la violence coloniale.

Nous soutenons les peuples et les régions qui luttent pour décider d’elles-mêmes, y compris de l’application d’une politique sanitaire qu’il leur appartient de choisir. Nous soutenons leur refus de l’usage de l’outil de contrôle que constitue la passe sanitaire imposé autoritairement et de manière non démocratique.

PEPS Lorient, le 22 novembre 2021


[1] Ces unités spécialisées pourront apporter leur expérience en gestion de crise… leur capacité à faire du renseignement pour identifier les auteurs ou détecter les barricades piégées par exemple. Les membres du Raid et du GIGN sont également équipés de jumelles à visions nocturne qui leur permettent d’intervenir de nuit. » https://www.francetvinfo.fr/sante/maladie/coronavirus/crise-en-guadeloupe-35-agents-du-raid-et-du-gign-et-non-50-arriveront-sur-l-ile-dans-la-nuit-de-dimanche-a-lundi_4853619.html

[2] https://www.francetvinfo.fr/monde/environnement/pesticides/scandale-du-chlordecone-on-vous-explique-pourquoi-la-martinique-et-la-guadeloupe-se-mobilisent-contre-l-impunite_4315511.html

[3] https://reporterre.net/En-Guadeloupe-le-scandale-de-l-eau-est-un-desastre-ecologique

[4] https://la1ere.francetvinfo.fr/guadeloupe/greve-generale-illimitee-la-plateforme-de-revendications-compte-32-points-1159861.html

Plus d’informations sur la lutte contre le Chlordécone : communiqué commun PEPS/ Modemas et entretien avec Garcin Malsa du 24 février 2020, à l’occasion d’un rassemblement de soutien aux militants réprimés : https://confpeps.org/chlordecone-declaration-commune-modemas-peps-entretien-avec-garcin-malsa-fevrier-2020/