Chlordécone : Déclaration commune Modemas/ PEPS  entretien avec Garcin Malsa (février 2020)

A l heure où le gouvernement Macron envoie le GIGN aux Antilles pour mater la contestation populaire contre la politique sanitaire imposée par Paris, PEPS republie la déclaration commune avec nos camarades du Modemas au sujet du scandale d’Etat du Chlordécone et de la répression qui a mutilé à vie un manifestant pacifique, ainsi que l’entretien réalisé avec notre ami Garcin Malsa.

Interview de Garcin Malsa, fondateur du Modemas, lors de son passage à Paris pour dénoncer le Crime d’Etat du chlordécone et la répression coloniale que subit la jeunesse. PEPS et Modemas s’allient pour exiger justice et réparation pour les crimes écologiques commis en Caraïbes et en France, et pour l’instauration d’une souveraineté populaire écologique. https://www.facebook.com/MouvementPEPS/

Garcin Malsa, le 24 février 2020

  Déclaration commune du MODEMAS et de PEPS

Le Mouvement des démocrates et écologistes pour une Martinique souveraine (MODEMAS) et Pour une Ecologie Populaire et Sociale (PEPS) se sont rencontrés à l’issue du meeting tenu le 21 février à la Bourse du Travail de Paris pour la solidarité avec les 7 jeunes martiniquais poursuivis par la justice coloniale. Ils appellent à :

–  Faire campagne contre le Chlordécone, ce biocide colonial exercé contre les peuples martiniquais et guadeloupéen, la nature et la biodiversité. Le Chlordécone est un insecticide utilisé massivement par les planteurs de bananes. Les rivières et les littoraux des régions bananières sont pollués, une grande partie de l’eau dite potable et les poissons de ces zones contaminés. Le chlordécone est un poison responsable du nombre élevé de cancers de la prostate et du grand nombre de naissances prématurées : 95 % de la population de Guadeloupe et de Martinique en a dans le sang.  En caraïbe sous domination française, tout comme en France et dans le monde entier, les capitalistes, au nom du profit sont prêts à empoisonner les travailleurs et la population avec des produits toxiques (chlordécone, amiante, glyphosate…). Les dirigeants des États à leur service les protègent et ferment les yeux sur ces scandales.

–  S’opposer à la répression et aux opérations policières menées au service de la caste des Békés empoisonneurs et de leurs complices contre les jeunes militants mobilisés pour dénoncer le scandale du chlordécone et pour exiger réparations. Ils seront jugés le 3 juin. Préparons dans l’unité un grand rassemblement à Fort de France et à Paris pour les soutenir.

Dénoncer la complicité du gouvernement Macron-Philippe et le silence     honteux de la majorité des élus martiniquais et guadeloupéens. Depuis 1990, le chlordécone pourtant interdit depuis 1990 a obtenu des dérogations en Martinique et en Guadeloupe. Le biocide continue. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a eu le culot d’affirmer au Sénat que le lien entre le chlordécone et le cancer de la prostate n’était pas avéré, faute d’une étude complémentaire à celle de la Guadeloupe ! Mais c’est la même Agnès Buzyn, à l’époque directrice de l’Institut National du Cancer, qui avait coupé le financement d’une étude complémentaire en Martinique en 2015.

Combattre pour la vérité, la justice et la réparation. L’État colonial refuse de mettre les moyens financiers et humains nécessaires pour régler cette catastrophe sanitaire et environnementale. Au contraire, depuis 2013, l’État autorise des quantités de chlordécone cinq fois plus importantes dans la viande. L’État colonial refuse un plan d’indemnisation des victimes de la pollution et de réparation des écosystèmes détruits par les propriétaires fonciers, la caste des békés et la complicité active de l’Etat colonial.

– PEPS et le Modemas rappellent la nécessité de se battre pour la souveraineté écologique aux Caraïbes sous domination française comme en France. La souveraineté populaire écologique signifie  la décolonisation des mentalités, la maitrise  et l’accès aux  ressources, la réduction de la dépendance énergétique, technologique et culturelle et la nécessité de tendre à l’autosuffisance alimentaire


Le Modemas et PEPS  appellent les forces écologiques de rupture aux Caraïbes sous domination française, en Europe et partout dans le monde à se regrouper, à se coordonner. Ecologistes sociaux, communalistes, écosocialistes, écoféministes, objecteurs de croissance, partisans de la justice environnementale et de la souveraineté populaire écologique, contre le capitalisme productiviste même repeint en vert, il est temps de s’organiser. Comme le disait Aimé Césaire : c’est l’heure de nous mêmes !

Modemas, PEPS, Le 27 février 2020