L’Édito de PEPS : Pour un droit à la santé, à la démocratie et à la justice sociale pour toutes et tous

Une société de surveillance sous prétexte de pandémie

Le pass vaccinal n’aura servi à rien d’autre que diviser la population en organisant une discrimination généralisée visant à « emmerder jusqu’au bout » une partie des Français, en la considérant comme composée d’irresponsables devant être déchus de leur citoyenneté. Des millions de nos concitoyens ne sont plus considérés comme des citoyens ayant les mêmes droits que toutes et tous, mais comme un groupe mis sous surveillance policière, avec des droits restreints. 

Avec le « pass vaccinal », le renforcement de la société de surveillance est devenu une réalité sensible pour des millions de gens. En politisant délibérément le Covid, Macron a poussé à l’extrême ce concept. Ce sont non seulement les patrons de bar ou de restaurant et leurs employés, ceux des cinémas et des théâtres, mais aussi des entreprises toutes confondues à qui l’on demande de devenir des contrôleurs non assermentés disposant en toute illégalité du pouvoir de contrôle sur nos déplacements. Ainsi, n’importe qui peut vérifier notre identité sans en avoir la légitimité. Bonjour le contrôle au faciès ! 

La société qui se met en place est en train de prendre peu à peu les traits de la société chinoise. Le libéralisme autoritaire fusionne avec la société de contrôle et ses milliers de caméras de surveillance, ses données accumulées par les Big Data, les systèmes d’auto contrôle où tout citoyen devient le flic de son voisin. Tout cela au nom d’une prétendue bonne cause : enrayer la pandémie. 

Qui sont les irresponsables ? 

Tout ceci est organisé par un État irresponsable. Mais qui sont les vrais irresponsables de la gestion de la crise sanitaire, sinon les décideurs politiques qui ont organisé sciemment depuis des décennies la mort de l’hôpital public ? Le coronavirus mérite certes d’être traité avec gravité, mais ne peut être tenu comme premier responsable de l’engorgement les hôpitaux. Les premières causes sont la réduction des moyens, du nombre de lits d’hôpitaux, de médecins, d’infirmières et d’aides-soignantes organisée par les différents gouvernements, à l’instar des ARS mis en place par Hollande, de la RGPP organisée par Sarkozy, et la suppression de postes dans le personnel soignant, de lits par Macron. Il faut en finir avec les ARS et la logique comptable de l’hôpital et augmenter les salaires des professionnels de la santé. 

PEPS, comme il le fait depuis le début de l’instauration du pass sanitaire, dénonce la mise en place du pass vaccinal et appelle aux manifestations contre ce système inique.  Peps appelleau refus du pass vaccinal et à la fin de la politique d’exception de santé publique validée par 12 textes de lois qui n’ont pas empêché la contamination de se poursuivre. PEPS prône pour une politique de santé publique qui ne se réduit pas au vaccin, mais qui redonne aux citoyens la maîtrise de leur santé et relance l’aide à la recherche médicale, l’application des traitements validés par l’OMS et les autorités scientifiques. 

Prévenir plutôt que guérir : pour une politique de santé environnementale

Pour PEPS, il s’agit de faire reposer la politique de santé sur la prévention et plus seulement sur le soin, et revaloriser les pratiques de soins naturels. La médicalisation de la santé et l’usage excessif des médicaments vendus par les laboratoires pharmaceutiques avides de profit sont à l’origine d’une nouvelle maladie émergente mondiale : l’antibio résistance, qui rend les bactéries résistantes aux antibiotiques et en font des maladies mortelles.

Il est impératif que les politiques de santé soient gérées pour le bien commun, et non pour Big Pharma. C’est une question de vie ou de mort.  Il faut développer une politique publique du médicament y compris en nationalisant les firmes comme Sanofi, exiger la levée des brevets sur les vaccins et relocaliser la production de masques et d’appareils à oxygène.

Si l’on prend en considération que les comorbidités sont des facteurs  aggravants  de la covid, il faut inscrire la lutte contre  celle-ci dans une politique de santé publique cohérente qui s’attaque aux causes de la mauvaise santé d’une population vulnérabilisée par un environnement de plus en plus toxique : déforestations, agriculture et élevage intensifs qui favorisent les zoonoses, pollutions industrielles et pesticides, particules fines, alimentation cancérogène, perturbateurs endocriniens à  l’ origine des cancers, diabètes, obésité, stérilité et maladies chroniques.

Pour une justice sociale et écologique dans le domaine de la santé

En effet, au-delà de la crise du Covid, la mauvaise santé de la population est directement liée aux pollutions environnementales qui détruisent le vivant dans son ensemble. Pour exemple, en France, 100 000 personnes par an succombent suite à l’exposition aux particules fines. Un décès sur 5 dans le monde est lié à la pollution de l’air. Or, non seulement les victimes environnementales qui doivent subir toute leur vie des maladies chroniques ne sont pas reconnues, comme le montre le refus d’instruire le dossier des victimes du chlordécone contre le ministre de la santé pour faire reconnaître  la responsabilité de l’Etat français dans l’empoisonnement des AntillaisEs, mais en plus ce sont souvent ces mêmes victimes qui paient plus tard les conséquences des maladies chroniques par la grande dépendance et qui sont maltraitées dans les Epahd.

Et ce sont, comme toujours, les classes populaires qui paient le prix fort : après avoir travaillé dans des conditions pénibles ou vécu sur des territoires pollués pour le profit d’entreprises agro industrielles ou d’industries chimiques  écocidaires au bénéfice indécent -Total energie annonce un chiffre d’affaire de 250 milliards de dollars-  après avoir mangé et respiré des produits empoisonnés pour le profit des Monsanto et consorts, après avoir subi une médicalisation excessive pour le profit de Big pharma quand des alternatives naturelles sont réservées à celles et ceux qui ont les moyens de les payer à prix d’or,  des citoyennEs devenus dépendants se retrouvent traitéEs en inutiles et attaquéEs dans leur dignité pour le profit d’Orpea et ses actionnaires. 

Après tant d’exemples qui montrent le cynisme des décideurs envers la santé des habitantEs, ce même gouvernement – qui rétablit le glyphosate cancérogène, soutient l’usage des néocorticoides, se voit condamné pour son inaction face à la pollution de l’air- ce même gouvernement ose traiter les citoyens d’irresponsables parce qu iels se méfient de la politique de santé publique qui leur est imposée à coups de trique ? 

Nos camarades des réseaux d’action Acides et Notre Maison Brûle dénoncent les atteintes quotidiennes au droit à un environnement sain pour toutes et tous. Une politique sanitaire responsable n’est pas une politique sanitaire punitive et opaque. Une politique sanitaire responsable commence déjà par permettre à chacunE de vivre dans un environnement sain. Alors seulement la confiance des citoyennEs vis-à-vis des politiques publiques de santé est susceptible de s’améliorer. Justice sociale, justice écologique et politique sanitaire relèvent d’un même combat.

Retrouver notre souveraineté dans le domaine de la santé

Il faut changer de paradigme et retrouver notre souveraineté dans le domaine de la santé. C’est pourquoi PEPS appelle à :

  • Mettre au cœur de la santé publique une politique de santé environnementale englobant la santé au travail pour lutter contre l’empoisonnement des citoyens aux polluants et pesticides
  • Construire une politique d’éducation à la santé reposant sur la prévention et le développement de centre de santé communautaires
  • Lutter pour une politique de santé détachée des questions de rentabilité et de profit privé sur le dos des malades et dans le respect du personnel hospitalier

Notre combat ne peut pas se réduire à demander davantage de moyens pour l’hôpital public. L’écologie de rupture doit proposer une alternative sanitaire reposant sur une critique radicale de l’institution médicale telle qu’elle s’est construite au XXème siècle.

En 1974, l’écologiste Ivan Illich dans son livre « Némésis médicale » esquissait cette alternative dès les premières lignes : « L’entreprise médicale menace la santé. La colonisation médicale de la vie quotidienne aliène les moyens de soins. Le monopole professionnel sur le savoir scientifique empêche son partage. Une structure sociale et politique destructrice trouve son alibi dans le pouvoir de combler ses victimes par des thérapies qu’elles ont appris à désirer. Le consommateur de soins devient impuissant à se guérir ou à guérir ses proches. Les partis de droite et de gauche rivalisent de zèle dans cette médicalisation de la vie ». La pandémie nous permet de reprendre cette réflexion près de 50 ans après. 

La crise est structurelle. C’est celle du modèle biomédical dominant depuis la seconde guerre mondiale reposant sur les soins uniquement techniques et médicalisés.  Il faut passer d’une logique de soins à une logique de santé basée sur une participation active des patient.es et des citoyen.ne s, sur une véritable citoyenneté de la Santé. Nous sommes toutes et tous responsables de notre santé. 

PEPS aux côtés des révoltéEs

Pour toutes ces raisons, nous sommes aux côtés de celles et ceux qui se révoltent contre la gestion de cette pandémie. Nous comprenons les mouvements contre le pass vaccinal et pour la justice sociale dont se réclament notamment « les convois de la liberté », démarrés au Canada, qui rappellent le mouvement des Gilets jaunes à ses débuts. Ne pas le comprendre, ce serait laisser la place à l’extrême droite à l’affût dans ces mouvements populaires.

PEPS, le 8 février 2022