Macron l’illibéral : la guerre de classe tous azimuts

Alors qu’il entame un second mandat sans véritable majorité, Macron veut absorber politiquement la vieille droite sarkoziste et défendre un état bourgeois aux abois qui banalise l’extrême droite et prépare son accession au pouvoir, comme dernièrement en Italie.

Nous vivons un conflit social majeur autour du report de l’âge de départ à la retraite. Mais cette bataille n’est que la plus visible d’une guerre de classe généralisée. Pour protéger les grandes fortunes, Macron renforce sa politique de violence sociale et sécuritaire. Les étrangers et les racisés sont les victimes principales d’un acharnement législatif et policier.

Voici loi Darmanin qui, au nom de la lutte contre l’immigration irrégulière, laisse libre cours aux pires mesures sécuritaires : prises d’empreintes par coercition, ciblage des associations d’aide aux migrants, soutien à l’industrie du contrôle (drone, caméra, etc.), restriction de la liberté d’aller et venir en zone transfrontalière, réduction du nombre de procédures de recours aux obligations de quitter le territoire (OQTF) et de leur délai d’exécution. Elle ne sera que la 21ème loi sur l’immigration des années 2000.

Alors qu’à l’échelle européenne la France, réputée si humaniste, n’a jamais accueilli de grandes vagues de réfugiés (de Syrie, d’Irak ou d’Afghanistan), et a rejeté les trois quarts des demandes d’asiles, le gouvernement continue de tenir des discours xénophobes. Il fait un tri entre bons et mauvais migrants : réguliers contre irréguliers, blancs contre racisés. Les préfectures bloquent l’obtention des titres de séjours au mépris du droit. Créant des sans-papiers, le Sinistre de l’intérieur concurrence Le Pen par une politique du chiffre absurde. Les contrôles d’identité, racistes et arbitraires, font pleuvoir des OQTF qui sont annulées par la justice. Plutôt que de régulariser des exilés, des familles, des travailleurs, l’exécutif fait le choix de les maintenir dans la peur et la précarité.

La loi Darmanin s’inscrit dans un tournant global libéral sécuritaire qu’il convient d’analyser dans sa globalité. Plus le macronisme applique son projet ultra libéral (code du travail, assurance chômage, contre-réforme des retraites…), plus la résistance à ce projet s’affirme, plus l’inclination autoritariste de ce gouvernement se confirme. Après les attentats de 2015, les règles de l’état d’exception ont été transposées dans la loi ordinaire. Résultat : des assignations à résidence, des perquisitions abusives, des interpellations préventives. Après la loi séparatisme, la liberté d’expression des associations a été étouffée en les obligeant à signer un soi-disant « pacte pour la laïcité » qui stigmatise la seule religion musulmane, sous peine de se voir retirer toute subvention. Depuis quelques mois des dissolutions ont lieu contre des associations antifascistes comme le Bloc Lorrain ou Nantes Révoltée.

Le mouvement des Gilets jaunes avait été le premier symptôme de ce durcissement avec la remise en cause du droit de manifester. Des milliers de condamnations, des centaines de mutilés, blessés, éborgnés. Le préfet Lallement reprenait à son compte les propos du préfet Maurice Papon qui déclarait aux policiers parisiens quelques jours avant le massacre de manifestants algériens, le 17 octobre 1961 : « Vous serez couverts ». Et de fait, une impunité policière a prévalu comme elle s’exerce depuis des décennies dans les quartiers populaires quand les jeunes arabes ou noirs, Roms, gitans qui sans raisons subissent des contrôles au faciès répétés et sont tabassés, violentés par la Bac qui s’est illustrée depuis Macron dans les manifestations.

Toutes celles et ceux qui s’opposent à la politique pro-business de Macron sont dans le collimateur. Ce sont des femmes victimes de violences patriarcales mal accueillies dans les commissariats, les tribunaux, et la stigmatisation permanente des mouvements féministes. Les écologistes ne sont pas en reste. Celleux qui protestent contre l’injustice climatique, pour la rénovation thermique, contre les mégas bassines voient leurs manifestations interdites, leurs militant-e-s pourchassé-e-s jusque dans les champs. Ce sont des journalistes et des lanceur-ses d’alerte régulièrement menacé-e-s de poursuite judiciaire. La jeunesse scolarisée est sous pression permanente. A chaque fois qu’une faculté ou un lycée est occupé, la police intervient pour les déloger avec force lacrymo et matraques. Les jeunes ont rarement été autant réprimés. Il s’agit de les mettre au pas en les militarisant dans le SNU (Service National Universel), rendu bientôt obligatoire, avec entraînements militaires et chants patriotiques. Les militants syndicaux subissent aussi ce durcissement répressif, que ce soit par la réquisition des ouvriers du pétrole en novembre dernier, ou les licenciements abusifs facilités par la destruction programmée de l’inspection du travail et des Prud’hommes.

La récente loi Kasbarian illustre parfaitement la logique de la macronie : protéger les propriétaires, contre une menace à leur intérêt, en attaquant au passage les plus précaires. Il s’agit d’une double agression : sécuritaire contre les squatteurs qui risquent des poursuites bien plus graves désormais ; sociale contre toutes les familles précaires ou précarisées par la flambée des prix de l’énergie. Les locataires qui ne quittent pas leur logement après un jugement d’expulsion, par peur de se retrouver à la rue seront à la merci des bailleurs Le nombre de personnes à la rue explose, le gouvernement en rajoute. Pourquoi ? Parce que la propriété est sa priorité, bien avant le droit à la dignité et au logement.

La brutalité politique s’accompagne de moyens technologiques toujours plus perfectionnés. À l’image des drones qui vont être déployés pour empêcher de franchir la Manche après le dernier accord entre le premier Ministre britannique Sunak et Macron. Alors que les deux pays vivent des grèves exceptionnelles, ces dirigeants se payent des robots pour chasser du migrant. La loi Jeux Olympiques, débattue à l’heure actuelle va déployer des systèmes de vidéosurveillance algorithmique et d’analyse de démarche. Ces technologies interdites seront « expérimentées » par des entreprises privées bafouant nos libertés fondamentales au nom du profit et du fantasme de la sécurité automatique et robotique à la chinoise. Supporters et militants écologistes opposés à ces jeux écocidaires peuvent se préparer à découvrir les joies de l’ordre à la Macron : Drones, vigiles et amendes sans procès. Le tout sponsorisé par Coca et Alibaba !

L’ultra-illibéralisme technologique et raciste, voilà la France en Marche !

C’est pourquoi PEPS soutient les initiatives contre la loi Darmanin comme les manifestations de l’UCIJ (Unité Contre l’Immigration Jetable) samedi 25     mars ou l’Assemblée Populaire pour les libertés le 15 avril.