Quand la police française raciste et néocoloniale tue
Une fois de plus la police coloniale a tué à Nanterre. Nahel, 17 ans, a été assassiné de sang-froid par un policier à bout portant. Telle est la vérité brute des faits. Ce permis de tuer attribué pour présomption permanente de légitime défense devient un instrument quotidien dans les quartiers populaires face au « refus d’obtempérer ». Depuis l’entre-deux-guerres jusqu’à la fin de la guerre d’indépendance algérienne, la préfecture de police de Paris (PPP) dédie des structures aux Algériens de façon permanente, à l’exclusion des années 1945-1953.
La création en 1925 d’une Brigade nord-africaine (BNA) et d’un « service d’assistance aux indigènes nord-africains » (SAINA) à la préfecture de la Seine correspond à une extension en métropole du statut de colonisé des Algériens. Cette brigade est supprimée en 1945 lorsque le statut organique de l’Algérie adopté alors accorde aux Algériens résidant en métropole une complète égalité juridique Le 15 juillet 1953 la police française assassine 10 militants CGT algériens Place de la Nation sous prétexte qu’ils déployaient des drapeaux algériens. La création en 1953 d’une « Brigade des agressions et violences » (BAV) au sein de la police judiciaire est la solution que trouve le préfet de police pour contrôler puis réprimer spécifiquement les Algériens. L’objectif est de pénétrer les milieux nord-africains, notamment pour paralyser les actions du FLN. Dans les commissariats de banlieue, certains anciens des BAV participent à la création « brigades spéciales de nuit », qui donneront ensuite naissance aux BAC d’aujourd’hui. De la BNA aux BAC, en passant par les BAV, c’est le même schéma de ségrégation raciale qui prévaut. Au début des années 1970, les anciens agents des BAV ont recyclé leur savoir-faire en intégrant de nouvelles unités postcoloniales, les Brigades de surveillance de nuit (BSN), véritables prototypes des BAC créées par le préfet Pierre Bolotte. Elles sont optimisées pour faire du flagrant délit dans les « quartiers immigrés » où s’étendent le chômage et la précarité.
De même les centres de Rétention administrative ont une histoire coloniale. Ils sont les héritiers des Centres d’assignation à résidence surveillée (CARS) à destination des seuls Algériens, à l’instar des centres de détention mis en place en Algérie par les militaires chargés, à partir de 1955, de pouvoirs de police. Il y a moins de 15 jours un jeune est mort au centre de rétention de Vincennes .
Ces continuités et ces réagencements structurent les imaginaires et les techniques de la police des cités qui prend forme en France dans les années 1970 et 1980. En novembre 1972, le policier Robert Marquet abattait Mohamed Diab, un chauffeur algérien, à l’intérieur du commissariat de Versailles. Entré dans la gendarmerie sous l’occupation puis CRS pendant toute la guerre d’Algérie, il cria : « Oui, je te tue, sale race, je te tue ! ». Le Mouvement des travailleurs arabes (MTA) dénonça alors le fait qu’il y avait « en France et en Europe des colonisés : les travailleurs immigrés » et organisa un an plus tard une grève générale des travailleurs arabes contre les dizaines de travailleurs arabes assassinés par les racistes. Plus récemment, pour « sécuriser » une cité en 2005, un brigadier-major galvanisait ses troupes en criant : « On a perdu la guerre d’Algérie. Il y a quarante ans, on a baissé notre froc. C’est pas aujourd’hui qu’on va le baisser à nouveau. Pas de prisonnier, on trique !
Les grenades lacrymogènes ont d’abord été utilisées de manière industrielle pour réprimer les manifestants algériens pendant la Guerre d’indépendance. Le Flash-Ball, arme de guerre israélienne, a envahi les banlieues aussi parce que cet armement qui permet de frapper en réduisant le risque de tuer, constitue un grand marché économique. Le contrôle social est devenu un marché lucratif.
Enfin n’oublions pas l’État d’urgence réclamé à corps et à cris par Zemmour et Ciotti et appliquée sous Chirac, Villepin et Sarkozy. Cette loi scélérate avait été institué en 1955 toujours pendant la Guerre d’Algérie et en 2005. C’est le PS de l’époque; la SFIO de Guy Mollet, qui l’avait imposé suite au vote des pouvoirs spéciaux donnant le pouvoir de fait à l’armée, vote soutenue par le PCF de l’époque. Souvent dans notre pays la « gauche de gouvernement » a été à l’origine de lois répressives comme celles de Cazeneuve sur le « refus d’obtempérer » ou celle de Hollande sur la déchéance de nationalités.
La répression des révoltes sociales organisées à la suite de crimes policiers de 2005 à aujourd’hui est toujours organisé selon un même schéma : boucler et contrôler un quartier populaire en l’entourant d’unités statiques, puis envoyer des unités spéciales à l’intérieur pour capturer des « suspects ». Cette stratégie reproduit la logique contre-insurrectionnelle et coloniale utilisé durant la la « Bataille d’Alger ». Il s’agit de mener une forme de guerre policière contre l’ensemble d’une population jugée « nuisible » et « sauvage » selon les termes du communiqué d’Alliance et d’UNSA Police, ces bandes de nervis sous l’uniforme. Combattre les violences policières c’est exiger la dissolution des syndicats fascistes comme Alliance et UNSA Police et demander leur exclusion immédiate des confédérations syndicales
Combattre les violences policières c’est aussi déconstruire leur origine colonialiste qui a d’ailleurs cours dans les territoires encore colonisés par la France contre les peuples de Guadeloupe, de Martinique, de Guyane. de Polynésie, de Mayotte ( avec la triste l’opération « Reconquête » dite Wumbushu )ou de la Kanakie .
Combattre les violences policières c’est lutter dans les quartiers populaires contre la gestion militaro- policière de ces quartiers par l’Etat. C’est pourquoi nous serons le 8 juillet à Beaumont sur Oise pour la manifestation nationale appelée par le Comité Adama. Pas de Justice pas de Paix ; Ni oubli, ni pardon pour Adama , Nahel, et toutes les victimes de la police raciste et coloniale. C’est pourquoi nous rendrons le 14 juillet hommage aux militants anticolonialistes algériens assassinés le 14 juillet 1953 en manifestant de Nation à la Place de la Bastille ;
Solidarité avec la révolte populaire des jeunes !!
Désarmons la police !
Editos de PEPS du 05 juittet 2023.