PEPS 81: L’A69 NE SE FERA PAS… CAR CE PROJET NE TIENT PAS LA ROUTE !

PEPS Tarn participe, soutient et relaie la lutte citoyenne contre le projet de l’A69 : la voie est libre !

Le rapport et l’avis rendus le 9 février à l’issue de l’enquête publique environnementale ne règlent rien du tout et ne doivent pas aboutir au commencement des travaux. Les commissaires enquêteurs ont en effet mis l’État et les collectivités territoriales devant une impasse de plus !

La balle est désormais dans les mains des préfets de la Région Occitanie, du Tarn et de la Haute-Garonne. Ils vont probablement tout faire pour contourner cette impasse en donnant l’autorisation unique environnementale, tant attendue par les deux concessionnaires (Atosca pour l’A69 et Vinci pour l’A680), mais s’il en est ainsi, ils passeront en force. Oseront-ils arguer de la légalité d’une procédure qui a pourtant perdu toute légitimité ?

Pour nous, c’est bien parce que ce projet d’autoroute n’est pas légitime que le rapport de force se tend de plus en plus sur le terrain ; les pro-autoroute s’énervent tandis que les analyses que nous produisons depuis deux ans sont de plus en plus partagées, et que des acteurs nouveaux et plus jeunes se mobilisent (voir ICI).

Ce qui est sûr, c’est que les promoteurs de ce vieux projet ont bien « un caillou dans la chaussure » qui perturbe leurs plans initiaux.

L’enquête elle-même a montré à quel point les arguments de la propagande des concessionnaires et des élu.e.s et institutions favorables à cette infrastructure écocide et antisociale prennent l’eau de toute part.

Après avoir tout fait pour que les questions de fond liées à l’utilité même et à la légitimité de cette autoroute ne soient pas abordées, le préfet du Tarn avait dit aux commissaires-enquêteurs qu’il n’y aurait pas de problème et que les avis opposés seraient très peu nombreux !

C’est à croire que ce représentant de l’État est vraiment hors-sol ! 9 avis sur 10 lui ont donné tort, et leur pertinence a obligé les commissaires enquêteurs à en tenir compte, même si leur rapport oublie de relever bien des incohérences et des manquements pourtant cruciaux : rien ou presque sur les insuffisances concernant les compensations écologiques et les impacts sanitaires ; une cécité coupable relative aux mensonges qu’Atosca n’hésite pas à proférer dans leurs toutes dernières réponses (voir ICI, par exemple, le dossier relatif à l’expropriation de M. Rougeau) ; une complaisance évidente en faveur de la parole des élus et des institutionnels, en dépit de l’inconsistance de leur argumentation, etc.

Néanmoins, dans un semblant de balance entre avantages et inconvénients du projet, ces mêmes commissaires enquêteurs n’ont pas manqué de relever toute une série d’arguments que les différentes associations et collectifs opposés à l’A69 portent depuis plus de 15 ans. A tel point que le corps de leur rapport est un vrai réquisitoire contre l’autoroute (voir ICI).

Et c’est là que le bât blesse…et que s’est logé le fameux caillou ! Pour deux raisons essentielles : non seulement, il y a contradiction flagrante entre l’avis favorable (qu’ils ont in fine donné) et ces arguments critiques, mais de plus, outre les 12 recommandations formulées, la première des deux réserves qu’ils ont émises menace l’édifice déjà branlant des pro-autoroute.

Cette première réserve demande en effet, ni plus ni moins, que le péage envisagé, jugé trop cher, soit réduit d’un tiers… et que l’État et les collectivités territoriales parties prenantes mettent la main à la poche pour compenser les pertes qui pourraient en résulter pour Atosca. Et les commissaires de préciser, en gras : « La commission rappelle que la non levée des réserves qu’elle a émises ci-dessus, aurait pour conséquence que son avis pourrait être requalifié par le juge en avis défavorable ».

Mais du coup, c’est tout le processus de ces dernières années qui est remis en cause : le dossier des engagements de l’État, la désignation du concessionnaire elle-même, les conventions signées par l’État et les collectivités territoriales, et même la toute récente enquête publique qui s’est déroulée à partir d’informations fausses : les promoteurs du projet n’avaient-ils pas claironné à tout va que la division par dix de la subvention d’équilibre était l’une des premières raison du choix d’Atosca comme concessionnaire ?

De fait, ces derniers s’imaginaient que ces autorisations seraient facilement obtenues ; ils sont désormais bien embêtés. Le maire de Castres n’est pas très réjoui, c’est le moins que l’on puisse dire, et semble ne plus trop y croire !

Mme Delga fait la morte et c’est le conseiller régional PRG Garel qui monte au créneau en faisant peu de cas des avis contradictoires qui se sont fait jour au sein même de la majorité régionale ! Quant à Christophe Ramond, à l’unisson du préfet Lauch et du très réactionnaire Carayon, il vitupère autant qu’il peut contre les opposant.e.s et appelle à passer en force ! Les pôvres, ils sont dans le brouillard… Nul doute, pourtant, qu’ils ne vont pas rester l’arme au pied.

Pourquoi, au bout du compte, les commissaires enquêteurs ont-ils donné un avis favorable ? Est-ce pour répondre aux pressions de toutes sortes venues de la préfecture et des élus, voire d’Atosca ? Ont-ils tout simplement voulu conserver, par adhésion tacite ou recherche d’un « surplus de respectabilité », la bonne et douillette ambiance de cet « entre-soi » qui travestit tout dispositif « participatif » ? Ou, conscients des enjeux climatiques et environnementaux et du rejet massif de ce projet par les Sud-Tarnais, ont-ils ouvertement choisi la voie de l’incohérence pour faire capoter le projet sans l’avouer ouvertement ? Qu’importe ! C’est bien une nouvelle période qui s’ouvre après leur avis.

Des recours juridiques vont être déposés par diverses associations. Nous les soutiendrons autant que nous le pourrons. Et avec d’autres collectifs militants, nous resterons vigilant.e.s pour faire en sorte que les travaux ne débutent pas avant que ces recours n’aient été jugés ; des travaux de destruction et de pollution irrémédiables dont les deux concessionnaires et leurs soutiens porteraient la lourde responsabilité.

Au cas où il en serait ainsi, nous saurions les montrer du doigt, qu’ils se protègent derrière les barreaux des préfectures, qu’ils se trouvent parmi les élu.e.s des collectivités territoriales, qu’ils soient les idiots utiles des écocideurs de tout poil ou qu’ils jouent le rôle de passe-plats de leurs calculs sordides au sein de quelques titres de presse bien connus ou de diverses administrations et associations…

La Voie est libre, 22 février 2023