Séminaire d’auto-formation, « La démocratie alimentaire à l’épreuve du communalisme ».

Les vidéos des séances sont disponibles sur cette page au fil de leur réalisation 👇

Pour une Sécurité Sociale de l’Alimentation durable ? #1

Face aux défis écologiques, sociaux et de convivialité que nous affrontons le mouvement Peps soutient et diffuse la proposition de mise en place d’une nouvelle branche au Régime Général avec la création d’une Sécurité Sociale de l’Alimentation durable (SSA).

La proposition de SSA est bel et bien une projection qui se refuse de simplement être une autre réponse pour laver le capitalisme en vert mais un outil de transformation anticapitaliste.

Nous partageons la proposition des trois piliers du socle commun du Collectif national SSA :

  • l’universalité d’accès
  • le financement par la cotisation et l’octroi d’une allocation mensuelle par personne
  • la prise de décision démocratique des choix de conventionnement

Fidèle à nos valeurs et à notre charte nous affirmons que cet outil macro-économique peut aider à la transformation sociale que nous souhaitons pour nous, nos enfants et tout.e.s les habitantEs :

1/ A l’heure du capitalisme et de l’agro-industrie destructrice de nos systèmes écologiques,

et de nos immunités physiques, la SSA est une alternative aux systèmes alimentaires agro-industriels, prenant en compte l’ensemble des activités qui nous permettent de manger :

  • La production agricole : le modèle productiviste assujettit les paysans et paysannes au marché capitaliste dont les règles et les normes font des produits agricoles, des marchandises comme les autres dépendant des accords commerciaux à l’échelle mondiale, européen et français. Les politiques européennes assujettissent l’ensemble des filières agricoles à ses choix au travers des décisions prises pour les subventions.
  • La transformation de ces produits agricoles : prise en main par les multinationales de façon majoritaire, celles-ci ont assigné la production agricole à se spécialiser dans des pays et des régions à l’échelle de la planète. En outre l’industrialisation a élaboré des procès de fabrication qui aboutissent à une majorité de produits alimentaires ultra transformés où nous constatons qu’ils participent aux effets délétères sur la santé humaine, animale et végétale.
  • La distribution est assurée par des centrales d’achats : en France, six grands groupes se partagent 90% du marché ; ils s’approvisionnent auprès de 15000 fournisseurs (essentiellement des PME) dont 40% sont des grands industriels de taille internationale).
  • La consommation correspond à ce que nous, tous et toutes, achetons pour nous nourrir. Cet espace est structuré par l’amont du système mais également par les règles, règlements et normes issus des lois décidées à l’échelle européenne et reprise en droit commercial français. Celles-ci participent de l’ordolibéralisme dont la vocation est de soutenir le marché capitaliste en nous « cernant » par des droits dits de protection du consommateur ; ceux-ci n’ont pas d’autre vocation que celle de permettre aux détenteurs et détentrices des moyens de production d’engranger la plus-value produite par le travail des hommes et femmes.

Pour une Sécurité Sociale de l’Alimentation durable ? #2

2/ De la même façon que nous sommes parvenus en 1946 à arracher au capitalisme,

le secteur de la santé il nous apparaît aujourd’hui central de faire de l’alimentation un bien de toutes et tous et de sortir du marché capitaliste pour répondre à nos besoins alimentaires. En reprenant la main sur l’ensemble de la chaîne de l’alimentation de la production à nos repas, la SSA va permettre d’en finir avec un modèle alimentaire productiviste pour lequel la seule voie d’avenir se trouve dans la mécanisation et la technologie, la domination du vivant et l’utilisation abusive d’intrants chimiques. Nous ne voulons pas d’un pays avec moins de cent mille paysans et paysannes et une agro-industrie qui dicte les choix politiques comme les habitus alimentaires.

Dans la continuité des caisses d’investissements qui ont permis à la France de se doter d’un système hospitalier moderne sans passer par l’emprunt bancaire, nous affirmons qu’une transformation du système agro-industriel nécessite de reprendre cette gestion de l’investissement dans la filière alimentaire.

C’est dans cet objectif de lutte contre l’accumulation de biens que les enjeux de réappropriation des technologies et techniques agricoles, des ateliers de transformations alimentaires et des systèmes de distribution sont placés au coeur de la proposition de SSA.

3/ L’alimentation est centrale dans l’épanouissement physique et physiologique des humains.

Le droit à l’alimentation durable, inscrit dans la constitution est primordial. Ce droit positionne l’alimentation en dehors du marché capitaliste et la soustrait au droit commercial.

La SSA se situe dans cette optique, en permettant à toutes et tous de pouvoir respecter ses choix alimentaires (culturels, sociaux, …) sans contraintes financières. La mise en place de de la SSA nous rendra possible de vivre notre commune humanité.

4/ Penser dans une perspective confédéraliste, l’application de la SSA donnera à chacunE,

les moyens de mesurer le rapport de nos alimentations à l’aune de sa dépendance énergétique et ainsi de diffuser les idées d’une décroissance concrète pour développer une économie alimentaire relocalisée ainsi qu’une alimentation issue de circuits longs durables.

5/ L’autogestion démocratique constitue un pilier inamovible.

C’est bel et bien dans les caisses alimentaires locales que seront prises les décisions de conventionnement de nos alimentations. L’agro-industrie qui aujourd’hui souffle à l’oreille des décideurs n’aura plus cette mainmise, car l’apprentissage collectif des enjeux démocratiques permettra à toutes et tous de participer aux débats et à la prise de décision.

Pour une Sécurité Sociale de l’Alimentation durable ? #3

Cet exercice démocratique est de nous réapproprier collectivement les communs, partager les ressources, les savoirs et les responsabilités politiques. Les communs privilégient la valeur d’usage des ressources (l’intérêt pour les individus et les collectivités) plutôt que leur valeur d’échange (leur monétisation). Grâce à cette approche, nous pourrons penser le développement territorial, l’organisation urbaine, la relation entre producteurs et consommateurs…, contribuant ainsi à renouveler la façon dont une société écologiste s’envisage.

6/ Pour nous, la démocratie alimentaire que nous prônons, construite autour d’un droit universel à l’alimentation durable,

est basée sur une philosophie d’égalité et d’équité, de liberté incarnée par la volonté de nous affranchir du patriarcat, du colonialisme et du racisme. Notre détermination quant à oeuvrer pour faire cesser les formes de discrimination, de domination et d’exploitation existante dans les systèmes alimentaires, nous amène à penser la SSA à partir du ou des points de vue des plus oppriméEs ou oppresséEs. D’où notre engagement à ce que les femmes, très présentes dans la prise en charge des tâches liées à l’alimentation, des familles ou personnes à petits budgets dont certaines sont assignées à accéder à l’alimentation par l’aide alimentaire, et de tous ceux et celles qui font l’expérience du mépris social pour répondre à ce besoin de « vie ordinaire » soient impliquéEs de façon majoritaire. Nous y intégrons également les enfants et les adolescentEs, afin de leur garantir un futur acceptable.

En remettant le débat, la controverse et la prise de décision collective au centre du fonctionnement démocratique la proposition de SSA combat les tentatives capitalistes et réactionnaires de se réapproprier les valeurs écologistes que défend notre mouvement. Nous croyons fortement que l’apprentissage collectif avec l’aide de propositions de co-éducation permanente nous donnera une force capable de surpasser nos divisions.

7/ Il n’y a pas aujourd’hui d’alimentation nationale.

Nos aliments ont voyagé depuis la nuit des temps pour composer ce qui fait aujourd’hui nos repas. Mettre en place une SSA à l’échelle de notre pays s’appuie sur la reconnaissance de l’interdépendance des systèmes alimentaires durables et de la commune vulnérabilité des êtres humains. Cela nous permettra de rentrer en relation directe avec le monde entier et de diffuser nos valeurs et pratiques d’autogestion.

8/ L’alimentation, comme besoin essentiel est un outil fondamental de transformation sociale

pour appuyer nos désirs de confédéralisme démocratique. La SSA telle que nous la concevons représente ce récit politique porteur d’espoir, articulant démocratie sociale et démocratie économique tant aux échelles de nos lieux de vie que nationales et internationales.


Le programme

Ce séminaire « La démocratie alimentaire à l’épreuve du communalisme » se déroule en trois parties et aura lieu en visio un jeudi soir par mois de 19h à 20h30.

Première partie « Nous ne savions pas que nous ne savions pas » [novembre à janvier]

Depuis les années 2000, il existe un nombre de plus en plus important d’initiatives dites citoyennes autour de la réappropriation de l’alimentation. Pour autant, cette constellation ne change pas grand-chose à la réalité des systèmes alimentaires mondialisés.

Séance n°1: 23 novembre 2023

« Du solaire au minier : une histoire de l’agriculture industrielle »

  • Benoit Daviron, économiste.

Séance n°2: 14 décembre 2023

« Faire politique par les circuits courts alimentaires »

  • Yuna Chiffoleau, sociologue fait partie des chercheuses qui ont observé à la fois le renouveau et l’importance des circuits courts dans leur rôle de politisation de l’alimentation.

Séance n°3: 21 janvier 2024

« Réformer le système alimentaire par le local ? »

Cette séance se déroulera en trois temps.

  • Patrice Ndiaye, juristeparlera des collectivités territoriales organisatrices d’une alimentation durable et sa concrétisation par le droit.
  • Jeanne Pahun, politiste, se posera la question sur la capacité politique de ces collectivités quand on sait que la régulation du système alimentaire est largement élaborée aux échelles nationales et européennes. En outre, la référence au local est aussi un mot d’ordre à étudier tant elle peut parfois servir des projets politiques conservateurs et sans incidence sur les enjeux de durabilité des pratiques agricoles.
  • Enfin Patrice Ndiaye terminera par l’indemnisation des victimes du chlordécone à la Martinique et à la Guadeloupe et ce qu’il nomme les vicissitudes du  » manger  » colonial

Deuxième partie « Il est temps de prendre le temps » [Février à Avril]

Dans cette deuxième partie, nous décrypterons les enjeux démocratiques institutionnels qui sont finalement des empêchements à la démocratie directe.

Séance n°1 : février 2024

« Du droit à être nourri au droit à l’alimentation durable »

Illustration par la filière de l’aide alimentaire

Cette séance se déroulera en deux volets :

  • un premier sur l’historique de la filière de l’aide alimentaire française et du constat de son échec lutter contre l’insécurité alimentaire. Intervention de Dominique Paturel – sciences de gestion
  • un deuxième volet sur les violences infligées par le mode de distribution de l’aide alimentaire. Intervention de Bénédicte Bonzi – anthropologue

Séance n°2 : 26 mars 2024 en partenariat avec Réseau Salariat

La bataille de la sécu #5

  • Nicolas Da Silva, maître de conférences en sciences économiques à l’Université Sorbonne Paris Nord.

Son interview pour Socialter – 26 décembre 2023: «Reprendre à l’État social ce qui appartient à la Sociale»

Captation vidéo à la bourse de travail de Paris

Séance n°3 : avril 2024

« Emancipation. »

Séance n°6 : 25 avril 2024 de 18h30 à 20h30


Cette sixième séance est la dernière avant que nous entamions le dernier cycle « Mettons-nous d’accord sur nos désaccords » dont l’objectif sera de rassembler ce que nous avons appris tout au long de ce séminaire pour nourrir le projet du réseau Démocratie AlimenTerre de PEPS.


Cette séance s’intitule « Quotidien politique et démocratie alimentaire »
Dans cette sixième séance, nous continuons notre exploration des possibles en matière de démocratie. Manger est une activité quotidienne. Cependant nous sommes complètement déconnectéEs de l’ensemble des activités nécessaires pour remplir nos assiettes ; les femmes et les hommes qui ont rendu possible le fait que nous puissions manger plusieurs fois par jour sont quant à eux et elles invisibles. 

Dans cette activité de consommation, la majorité des tâches est considérée comme étant du rôle nourricier dévolu naturellement aux femmes. Manger est tellement facile dans nos sociétés de consommation, enfoui dans la vie ordinaire, que cela ne se pense pas comme étant du quotidien politique. 

Un des principes fondamentaux de la démocratie alimentaire est celui de reprendre la main sur nos systèmes alimentaires par la reconnexion aux conditions de production de notre alimentation et ainsi de politiser l’accès à l’alimentation comme un droit essentiel ancré dans un besoin partagé par l’ensemble des femmes, des hommes et des enfants. La définition de besoins devient, en soi, une démarche politique à partir du quotidien.


Geneviève Pruvost, sociologue et diplômée en permaculture, est notre invitée pour nous parler de ses recherches qui portent sur la politisation du moindre geste et les alternatives écologiques. Elle a publié aux éditions de la Découverte en 2021 « Quotidien politique. Féminisme, écologie, subsistance. ». 

Un deuxième ouvrage vient de sortir où elle rend compte d’une situation dans un contexte de dix années de travail sociologique d’alternatives rurales. Cet ouvrage dont l’autrice se définit comme « graphomane du labeur quotidien » se lit avec facilité et donne de l’espoir dans nos capacités créatives de rupture écologique.

Une troisième partie « Mettez nous d’accord sur nos désaccords » [Mai-Juillet]

Séance 1 : Ecologie, municipalisme

Traduction SSAd

Séance 2 : Ecoféminisme

Traduction SSAd

Séance 3 : Préparation Atelier Rencontres PEPS 2024