Le Mercosur, terrain de jeu des multinationales,
Après un quart de siècle de dialogues, d’interruptions, d’accord de principes, le vendredi 6 décembre, la Présidente de la Commission européenne et les chefs d’État de gouvernement des pays du Mercosur ont annoncé avoir enfin conclu les négociations de l’accord de libre-échange UE-Mercosur. Il reste à le ratifier et pour cela la partie n’est pas encore terminée.
Cet accord de libre-échange entre deux continents se limite au domaine marchand : d’un côté matières premières et produits agricoles, de l’autre, produits manufacturés. Il ne s’agit pas de savoir quel côté de l’Atlantique y gagne ou y perd le plus, car c’est avant tout l’écosystème des entreprises multinationales et non les populations qui en tireront les bénéfices.
Nul projet culturel ou politique, les États se limitent et se soumettent au commerce. Illustration criante, au même moment au grand palais à Paris se déroulait la 64eme bourse de commerce européenne créée en 1960 Toute la filière agro industrielle céréalière était là, banques d’investissement, traders, négociants de matières premières, grands propriétaires, vendeurs de pesticides, fongicides…, coopératives collaboratrices, chambre arbitrale internationale qui privatise les litiges….et le président de la FNSEA syndicat co-gestionnaire.
Pendant que tout ce petit monde était réuni autour d’un festin à 300 keuros, à l’extérieur la police exerçait une fois de plus sa répression sur les paysans réunis à l’appel de la Confédération paysanne pour dénoncer l’injustice de ce traité. Preuve une fois de plus, du deux poids deux mesures dans la réaction du pouvoir, alors que les dégradations de la FNSEA et de la Coordination Rurale commises contre des bâtiments publics ou des permanences de députés ayant voté la censure ne font l’objet d’aucune suite.
Renforçons les liens culturels et développons une politique écologique conjointe avec les pays du Mercosur, arrêtons la spécialisation stupide des productions par pays qui entraine la déforestation de l’ Amazonie pour cultiver du soja qui sera envoyé en Europe pour nourrir le bétail, alors que la France exporte 50% de son blé, emblème de la spéculation qui tire profit des pénuries dues aux aléas climatiques et aux crises géopolitiques. Arrêtons d’exporter les produits phytopharmaceutiques interdits chez nous et qui reviennent en boomerang dans les produits importés. Reprenons la terre aux machines et rendons aux peuples le choix de leur souveraineté alimentaire. Laissons les savoirs et savoir-faire perdurer et arrêtons de violer les droits humains des communautés paysannes et autochtones. Déstructurer un système optimisé depuis des décennies pour l’agro business prendra du temps et ne sera pas rentable sur le court-terme mais a-t-on vraiment le choix si on ne veut pas condamner les générations futures?
Du côté de l’A69, un nouveau cadeau au promoteur,
« Dans l’intérêt d’une bonne justice » : c’est ainsi que le Tribunal Administratif de Toulouse a formulé sa décision de report et de « nouvelle instruction » concernant « l’Autorisation Environnementale » pour l’autoroute A69 Castres-Toulouse. Cette décision donne 45 jours de répit aux partisans de l’autoroute ; 45 jours pour que le concessionnaire, ATOSCA, poursuive ses travaux (et puisse se targuer d’une avancée significative de ceux-ci ?) .
Cette décision au goût amer provoque colère et indignation chez les opposants à ce projet : le prétexte (un « engagement ministériel de baisser de 33 % le prix des péages de l’autoroute A69″) semble pour le moins curieux, pour ne pas dire fabriqué. Et ce d’autant plus que cet élément n’est pas lié à l’autorisation environnementale qui est l’objet du jugement. Il est probable que les réseaux du lobbying « pro-autoroute » ont fonctionné entre l’audience du tribunal et le rendu de celui-ci !
Le combat continue donc, et PEPS est plus que jamais aux côtés des personnes qui s’opposent à ce projet. Projet qui confirme qu’il est « contre les territoires traversés », et au seul bénéfice d’une poignée de nantis, sans aucune certitude quant à son intérêt réel pour l’économie de ces territoires, pour le développement de son activité et pour l’emploi.
C’est autour de ces axes que doivent s’instaurer avec les populations riveraines, réflexions et débats. Le projet « Une autre voie » constitue un excellent support pour cela. Les projections du film « Alliances Terrestres » pourront en fournir l’occasion.
Chute d’Assad : Nouvelle donne en Syrie et au Moyen-Orient,
Pendant ce temps, il aura suffi d’une semaine pour faire tomber la dictature d’Assad en Syrie. La rapidité des forces conjointes du HTS et de l’ANS n’auront eu d’égal que la vitesse impressionnante à laquelle l’armée du régime se sera désintégrée. La prise de Damas conclut 54 ans de gouvernance autoritaire et sanguinaire par le clan Assad, et achève le cycle révolutionnaire syrien entamé en 2011.
Sachons nous réjouir de la fin de la dictature. Mais il s’agit toutefois de garder les yeux ouverts. Cet épisode ne signe pas la fin de l’histoire, mais une nouvelle et instable configuration des forces en présence.
Les débris de l’appareil d’État syrien cherchent un nouveau maître. Le Premier Ministre de l’ex-gouvernement syrien a déclaré que ce qui reste de l’administration coopérera « avec tout représentant choisi par le peuple syrien en leur fournissant toute l’aide possible pour assurer un transfert sans encombre des différents dossiers gouvernementaux »1. Organiser la transition : l’enjeu est de tout changer pour que rien ne change.
Une nouvelle Syrie serait sur le point de démarrer, mais laquelle ? La dictature doit laisser place à une société où les différents groupes culturels et ethniques pourront vivre en coexistence paisible, juste et durable. Nous resterons attentifs, dans les prochaines semaines, à ce que la Syrie retrouve la voie d’une politique démocratique.
1 Allocution télévisée du premier ministre syrien, Muhammad Al Jalali