Chute d’Alep en Syrie : soutien à la mobilisation générale au Rojava !

Les derniers jours ont été marqués par l’alarmante avancée des forces du SNA[1] et du HTS[2] dans le nord de la Syrie.

On aura assisté ces derniers jours au spectacle des troupes loyalistes du régime syrien, fuyant l’avancée conjointe des forces nationalistes et des djihadistes, sous le regard indigné de la population, cette dernière n’ayant d’autre choix que de préparer seule sa défense. Depuis la prise d’Alep ce samedi, deuxième plus grande ville syrienne, les habitants sont pris entre l’horreur des frappes russes sur les zones densément peuplées et le risque de massacres par les djihadistes qui contrôlent à présent Alep.

Même si nous ne pouvons que nous féliciter de la désagrégation rapide du régime fasciste d’Assad et de la poursuite du processus de la révolution syrienne entamée en 2011, c’est évidemment la Turquie qui tire son épingle du jeu. Le balayage de la région par le SNA et le HTS laisse le champ libre aux Turcs et à leurs alliés pour avancer dans leur politique de nettoyage.

Car en effet, ce sont les territoires sous contrôle des forces démocratiques syriennes qui se retrouvent menacés en ce moment même : le quartier kurde d’Alep est sous état de siège ; les milices pro-turques du SNA lancent de multiples opérations sur le canton de Sehba, au Nord d’Alep. Ce canton, qu’on estime habité par 200 000 personnes, fait partie de l’administration autonome du Rojava. Les minorités y habitant sont actuellement exposées au risque de massacres. Enfin, le canton de Manbij, à l’Ouest de l’Euphrate, fait également face depuis la nuit du 3 décembre à de nombreuses incursions du SNA.

La situation est gravissime et outre les risques immédiats, l’offensive risque à terme de précipiter la lutte pour la survie de la Révolution et de ses acquis.

Nous alertons contre le traitement médiatique français des derniers événements du conflit, qui est lamentable. On constate une sollicitude globalement unanime en faveur des milices du HTS et du SNA, traitées avec les honneurs d’une résistance progressiste contre la dictature syrienne. En réalité, il convient de traiter ces groupes non pas comme de simples « rebelles », mais tels qu’ils sont, c’est à dire des organisations réactionnaires. D’un côté le HTS, organisation islamiste qui tire son origine des organisations djihadistes de la région, de l’autre le SNA, formation militaire syrienne à dominante nationaliste et composée de nombreux éléments djihadistes. Comme si cela ne suffisait pas, le SNA est un pantin dépendant directement de l’Etat turc, au service de l’agenda fasciste de ce dernier au Moyen-Orient.

Les fausses nouvelles annonçant un repli des troupes démocratiques kurdes et prokurdes ont été démenties par les communiqués de différentes organisations. Depuis le 1er décembre le DAANES[3], les FDS[4] et des YPG[5] ainsi que le TCŞ[6] et les YJC[7] ont chacune appelé la population et les différentes organisations de défense à la mobilisation. Nous partageons l’appel à la solidarité lancé par la représentation de l’auto-administration démocratique ce 2 décembre, enjoignant la communauté internationale à sortir de l’inaction et à fournir urgemment une réponse humanitaire.

A l’heure où le vieux monde franchit un nouveau pallier dans sa fascisation après la récente victoire de Donald Trump aux États-Unis, il est vital de montrer notre soutien à la révolution du Rojava face au fascisme turc, et d’honorer la détermination et la résilience de nos camarades en Syrie face aux milices du SNA et aux bandes islamistes.

La question du Moyen-Orient ne se résoudra ni par le fascisme, ni par l’obscurantisme religieux, qui ne font que réitérer l’oppression d’un groupe sur un autre. La seule solution pour une paix juste et une cohabitation durable des peuples ne peut passer que par un changement complet de paradigme. PEPS se positionne en faveur de l’émergence d’une confédération démocratique des peuples au Moyen-Orient qui inclurait de manière égalitaire l’ensemble des nations et ethnies de la région.


[1]Syrian National Army, l’armée nationale syrienne.

[2]Hayat Tahrir al-Sham, l’organisation ayant succédé au front Al-Nusra, à l’époque affilié à ISIS puis Al-Quaida.

[3]Democratic Autonomous Administration of Northern and Eastern Syria, l’administration autonome démocratique du nord et de l’est de la Syrie.

[4]Syrian democratic Forces, forces démocratiques syriennes.

[5]Yekîneyên Parastina Gel, unités de protection du peuple.

[6]Tevgera Ciwanên Şoreşger, mouvement de la jeunesse révolutionnaire.

[7]Yekîtiya Jinên Ciwan, unité des jeunes femmes.