Une nouvelle Loi immigration bien opportune et inutile

Une nouvelle Loi immigration est annoncée comme pour mieux brouiller les pistes et rassurer le RN, alors que le vote du Budget et du PLFSS risquent de montrer les limites d’un gouvernement soutenu en coulisse par le parti lepéniste. Pour la 118ème fois depuis 1945, il faut retoucher les dispositions adoptées en janvier 2024 qui avaient fait couler beaucoup d’encre, tant certaines dispositions étaient contraires à notre droit constitutionnel. C’est d’ailleurs un projet censuré par le Conseil Constitutionnel quasiment d’un tiers, et dont on attend toujours certains décrets d’application, qui est entré en vigueur.

En 1994, il y a trente ans, Charles Pasqua qui était à la manoeuvre dessinait déjà les contours d’une Europe forteresse qui maintiendrait hors de nos frontières et contiendrait ce qu’ils nomment “la vague migratoire”. Dans la même veine, Darmanin jouait les matadors pour démontrer qu’il serait impitoyable en musclant la loi française, estimant que Le Pen était “un peu molle” dans cette lutte.

Comme toujours, la technique du bouc émissaire sert les intérêts des racistes et xénophobes en utilisant la figure du migrant, celle de l’immigré, comme à l’origine des fléaux auxquels le pays serait confronté. Derrière le vernis de la lutte contre les passeurs, le trafic d’êtres humains, on veut renforcer des dispositions qui n’ont pas démontré leur efficacité, mais comme dans une fuite en avant sans fin, une nouvelle loi “immigration” se doit d’être remise dans le cœur du débat public.

On le sait, l’immigration est le sujet qui revient en boucle pour masquer les errances gouvernementales, surtout lorsque les difficultés s’accumulent face à la grogne sociale.

L’an dernier il fallait clore la contestation populaire de la réforme des retraites adoptée à coup de 49-3 contre l’opinion publique, cette année il faudra faire oublier l’adoption du budget et du PLFSS dans la douleur et le discrédit généralisé.

Alors que les priorités pour la plus grande partie du peuple sont l’amélioration du pouvoir d’achat pour faire face à la crise avec plus de justice sociale, la lutte contre les effets des dérèglements climatiques qui affectent directement notre vie quotidienne et menacent les grands équilibres écologiques, le chômage de masse et la paupérisation face à l’outrageante richesse accumulée par quelques familles toujours mieux loties par des gouvernements de droite, et la diminution voire la disparition des services publics garantissant un filet de sécurité pour la concorde sociale. Il faut une fois de plus s’attendre à une surenchère pour démanteler définitivement le socle de la république sociale, une et indivisible.

Comme du temps du marché aux esclaves, le gouvernement cherchera à valoriser le bon immigré, corvéable à souhait, si possible surdiplômé, pour venir faire le bouche-trou, tout en se drapant dans les habits d’une politique humaniste avec une immigration choisie, tandis que des dispositions scélérates viendront renforcer un édifice, un mur de barbelés toujours plus haut et acéré pour lutter contre l’immigration subie, celle qu’on qualifie « d’immigration jetable”… On le voit venir, il s’agira de revenir sur des dispositions telles l’AME, les OQTF, le droit d’asile et ce qu’il reste de “fraternité” pour les durcir ou les faire disparaître.

Rappelons-nous que la France est issue des migrations – un tissu d’immigration. Plus que jamais nous appelons à la résistance, celle héritée du CNR, contre la dérive néo-fasciste à l’oeuvre en  Europe.

PEPS, le 23 octobre 2024.