Anniversaire de Fukushima : Contre l’atome et son monde, garder la mémoire et raviver l’espoir !

Ce dimanche 10 mars, PEPS était présent au rassemblement pour l’anniversaire du début de la catastrophe nucléaire de Fukushima.

En souvenir des victimes de cet accident gravissime, de celles des précédents, mais aussi de celles des essais de bombes nucléaires réalisés par les puissances impériales, concernant des ouvriers du nucléaire, – exposés depuis toujours dans l’ombre, aux radiations -, nous avons voulu souligner l’importance du travail de mémoire dans la lutte anti-nucléaire.

Face aux forces de l’oubli comme l’ingénieur J.M.Jancovici, qui affirme, – sur la seule base des plans des centrales –, qu’il y a zéro risque d’accidents, nous devons tirer les leçons du passé pour ne pas subir au cours de notre siècle de plus terribles épisodes.

Fukushima débute avec un tsunami.  Certes cette catastrophe naturelle n’est pas causée par le dérèglement climatique, mais celui-ci intensifie considérablement nombre d’autres catastrophes qui peuvent mettre en péril la sureté de centrales : sécheresses, incendies, ouragan. Nous ne pouvons pas nier l’augmentation des risques naturels sur la pérennité du nucléaire.

Tchernobyl nous apprend comment un Etat en perdition qui, par corruption et austérité, n’est pas capable d’assurer de bonnes conditions de travail et un entretien sain des édifices, est aussi une grande menace. Après bientôt un demi-siècle de néolibéralisme et de politiques d’austérité, nos républiques bourgeoises ont grandement amplifié les risques pour les humainEs dans les centrales, sans parler de leur vulnérabilité aux nouvelles menaces que sont les drones.

Les premières balafres que le nucléaire a laissé dans l’humanité, les carnages atomiques des bombes américaines sur Nagasaki et Hiroshima, nous rappellent que la plus terrible menace nucléaire n’est pas l’accident civil, mais l’usage de l’atome dans la guerre. À l’heure où les tensions internationales s’exacerbent, n’oublions jamais la barbarie de ces armes.

Si nous nous opposons au nucléaire, ce n’est pas seulement à cause du risque  que cette technologie fait peser sur nous. Aucune technologie n’est bonne ou mauvaise en soi. Ce que nous combattons ce sont les idéologies qui accompagnent l’Atome. Les bombes atomiques sont la traduction en acte du Léviathan d’Hobbes, figure titanesque maintenant le monde dans la peur et les peuples dans la soumission et la résignation, persuadé de la capacité des Puissants d’anéantir des vies par millions d’un claquement de doigt. L’arme nucléaire est l’aboutissement de la pensée autoritaire.

Il y a une autre idéologie terriblement dangereuse qui se cache derrière les centrales, c’est le « solutionnisme technologique » et l’idée d’une croissance infinie grâce à la magie scientifique d’une énergie illimitée. Nous pourrions continuer, sans limites, dans la destruction de la nature et la fuite en avant de l’humanité, parce que l’inépuisable électricité de l’atome nous alimentera toujours. Cette course à notre perte n’est plus possible à l’heure où nous devons à tout pris freiner notre consommation de toutes les énergies, où nous devons cesser cet extractivisme incessant qui nous conduit à voir le seul écosystème compatible avec la vie humaine, être déjà au bord de l’extinction.

Si nous insistons sur la mémoire dans la lutte contre le nucléaire, ce n’est pas seulement pour nous souvenir des horreurs. L’opposition au nucléaire a été une force exemplaire qui irrigue aujourd’hui les mouvements de résistances écologiques de ses pratiques et son imaginaire. La Bretagne a réussi à éviter la construction de toutes les centrales prévues sur son sol. N’oublions jamais la rage de vaincre irrésistible et le brio des activistes et habitantEs de Plogoff, ils et elles sont notre mémoire. Rappelons-nous qu’aux sources de l’écoféminisme, ce sont les luttes et résistances anti-nucléaires qui fondent le lien entre féminisme et écologie à partir des années 1970 dans un contexte politique de course à l’armement nucléaire : que ce soit à Plogoff,  en passant par Greenham Common en Angleterre, à Fessenheim, à Fukushima, au Pentagone en 1980, et Bure aujourd’hui.

Nous devons perpétuer leur héritage.

Aujourd’hui le mouvement anti-nucléaire est en sommeil, endormi par la berceuse des marchands d’oubli, des bonimenteurs qui nous vendent l’illusion d’une énergie illimitée, propre et sûre. La seule chose qui est sûre, c’est que le dragon de la révolte est toujours là. Le jour où Macron voudra construire le moindre EPR de génération 2, les mouvements de résistances écologiques seront là pour lancer toutes leurs forces contre lui. Les Soulèvements de la Terre, Extinction Rébellion, décroissants, anarchistes, éco-féministes, tout le monde sera au rendez-vous pour faire trembler la terre et bloquer les chantiers nucléaires.

C’est une promesse que nous faisons, c’est un avertissement que nous leur envoyons,

Contre le nucléaire nous avons déjà vaincu hier. Demain encore nous vaincrons !

Peps le 10 mars 2024