Contre la montée des idées d’extrême-droite, organiser l’autodéfense populaire et la contre – attaque

Les idées d’Extrême-Droite progressent chaque jour en France comme dans le monde. Elles ont conquis la possibilité de gouverner un certain nombre de pays, sont arrivées en tête ou ont fortement progressé dans d’autres. Les causes en sont multiples, notamment en raison des politiques similaires libérales austéritaires de la gauche et de la droite. En France, de Sarkozy à Macron en passant par Hollande, ce sont les classes populaires qui ont payé le prix le plus fort de la crise.

Les élections européennes vont être l’occasion d’une nouvelle poussée de l’extrême-droite dans toute l’Europe. En France, Macron pollue encore plus ce débat en appelant au « réarmement », en instrumentalisant la défense de l ’Ukraine par un appel à la militarisation et à l’envoi de soldats contre les Russes. Ce dont même les Ukrainiens ne veulent pas.

L’autre guerre, celle du génocide d’Israël contre les Palestiniens est aussi instrumentalisée. Toutes celles et ceux qui se mobilisent pour le peuple palestinien sont taxés d’antisémitisme. TouTEs, sauf Le Pen dont le mouvement, créé par des anciens Waffen SS, est désormais accueilli à bras ouvert par le CRIF.

Dans un éditorial précédent, nous avons pointé deux des causes de la montée en puissance de ces idées nauséabondes : le racisme et le nationalisme. Là, nous voudrions mettre en avant d’autres pistes liées à l’autodéfense sur tous les plans.

Quand nous parlons de l’autodéfense, nous parlons d’abord de l’auto-défense de nos lieux comme les locaux ou les librairies attaquées à Paris et à Lyon, comme les centres IVG, comme nos manifestations, sans cesse attaquées par les groupes identitaires liés à Zemmour et au RN. Nous devons apprendre à nous défendre, à créer des groupes d’autodéfense capables de protéger nos espaces et aussi celles et ceux qui vont subir le climat de haine que la « fachosphère » est en train de générer.

La bataille se passe aussi sur le plan sémantique.

Les mots sont importants. Les mots tuent. Ce sont des mots qui ont créé ce climat raciste. La lepénisation des esprits vient de loin et elle a été légitimé par ceux à droite, mais aussi à gauche, qui ont tenu ces propos: « Le Pen pose les bonnes questions. .. « , « On ne peut pas accueillir toute la misère du monde ! », qui ont fait la courte échelle aux Le Pen père et fille.

Opposer le devoir d’hospitalité ou la créolisation au Grand Remplacement, la préférence citoyenne à la préférence nationale n’est pas neutre. La bataille des idées commence par la bataille des mots. Notre avenir dépend largement de notre capacité à imposer d’autres mots que ceux de nos ennemis.

Organiser l’autodéfense politique c’est aussi contre attaquer en interroger le discours de l’Extrême-Droite sur ses propositions.

Le programme de Marine Le Pen ne défend pas les plus défavorisés. Alors que, depuis sa fondation, la stigmatisation de l’étranger constitue le principal ressort du Front national, le parti d’extrême droite cherche désormais à se présenter comme « la voix du peuple » et le défenseur des plus faibles, en investissant les questions économiques et sociales-. Or un grand nombre de ses propositions économiques et sociales vont directement à l’encontre de leurs intérêts.

La légèreté de ses propositions, voire son silence presque total, sur plusieurs sujets incontournables dans la lutte contre les inégalités, notamment l’éducation et la formation, la fiscalité, les questions environnementales, les droits des femmes, l’accès à la santé, font douter sérieusement de sa réelle volonté et de sa capacité à agir en faveur des plus démunis. Marine Le Pen refuse d’augmenter le SMIC, de bloquer les prix et d’augmenter le point d’indice des fonctionnaires. Dans leur programme de 2022, les deux candidats d’extrême droite étaient, comme Macron, des candidats des riches. Si Zemmour ne s’en cache pas reprenant l’essentiel du programme de Fillon, Le Pen elle, dissimule derrière l’affichage de quelques annonces qui pourraient concerner les catégories modestes, des mesures s’adressant à des ménages aisés. Dans le programme de la candidate du RN, la plupart des mesures sont clairement discriminatoires si elles étaient réservées, comme le discours le suggère, aux « familles françaises ». Par ailleurs, plusieurs mesures de la candidate Le Pen apportent un soutien financier aux propriétaires fonciers.

Dans l’ensemble, on cherchera en vain les « aides efficaces », dans le programme du RN, pour aider les familles locataires à se loger dignement et avec un loyer abordable. Dans le programme du RN, derrière les mesures de pouvoir d’achat, on trouve souvent des aides aux entreprises. Derrière les mesures d’aide aux familles modestes, ce sont des avantages accordés aux ménages aisés, etc..

La bataille contre le RN se déroule enfin sur le plan du projet.

Celui du RN est fondé sur l’exclusion, le ressentiment et la recherche du bouc émissaire : l’Autre, l’étranger, le différent, le musulman, le woke, c’est-à-dire en fait le pro LGBTQI,

écolo, anti validiste …

Le nôtre repose sur l’égalité de droits et la réponse aux besoins des classes populaires.

S’opposer au RN c’est partir des besoins des populations : se nourrir, se soigner, se loger, s’éduquer, se cultiver…

Nous devons nous exprimer positivement. Dire « Je suis pour.. « ,en montrant que l’espoir ne réside pas dans le ressentiment ou le repli sur soi, mais dans une société désirable. Tel est l’enjeu de la bataille culturelle en cours.

Nous privilégions une démocratie de la subsistance qui s’oppose à une écologie de l’abondance, autrement dit une écologie des riches ou des classes moyennes aisées. 

Les mouvements écologistes, comme les Gilets jaunes, qui se soulèvent contre les politiques libérales autoritaires dans le monde, le font avec des objectifs définis en termes de besoins écologiques pour la vie: l’énergie, y compris les calories alimentaires, l’eau, l’habitat, la santé, l’éducation. Ce sont des mouvements écologistes, parce qu’ils essayent de soustraire les ressources naturelles à la sphère économique, au système de marché généralisé, à la rationalité commerciale, à la valorisation financière.

Cette demande d’écologie de subsistance est la réponse réelle contre les inégalités sociales, de genre, de race. Les inégalités écologiques sont en premier lieu des inégalités sociales comme dans la santé qualifiée d’environnementale revendiquant de nouvelles formes d’organisations du travail, contre les pesticides qui tuent les paysans, contre les cancers et maladies neuro-dégénératives des ouvriers et employés de base, contre une offre alimentaire qui rend malade.

Face à la nécessité de répondre à la crise bioclimatique et à la diminution rapide des ressources naturelles, la grande question du XXIème siècle sera celle de l’autolimitation démocratique des besoins. Si nous n’arrivons pas à la poser collectivement, un gouvernement autoritaire l’imposera par le haut, par la rareté et le rationnement.

. C’est pourquoi la bataille projet contre projet est essentielle.

Notre projet part de l’idée de Commune.

Nous commémorons ces jours-ci l’anniversaire du début de la Commune de Paris, le 18 mars 1871. Les Communards, s’ils furent défaits, montrèrent comment les classes populaires pouvaient construire un monde nouveau, en s’organisant elles-mêmes, en créant leurs propres institutions, en ouvrant la voie  « pour l’honneur des travailleurs et pour un monde meilleur », comme le disent, les Gilets Jaunes.

Nous devons redonner sens à ce projet en l’actualisant, en le redéfinissant à l’aune de la crise bioclimatique, en l’opposant à la bête immonde.

La Commune écologique et sociale,  n’est pas derrière nous, elle est devant nous.

Elle est dans les luttes qui ouvrent la voie, de Sainte –Soline à l’A69, de la Marche des Solidarités à celle des enseignants, élèves et parents d’élèves du 93 et du 95, qui demandent des moyens pour l’école publique.

Ce sont elles, ce sont eux les nouveaux Communards !

Face à l’extrême – droite, ne lâchons rien, autodéfense populaire et contre-attaque !