PEPS salue Alain  Krivine

Après une vie consacrée au militantisme, Alain Krivine est mort, à 80 ans.

Communiste jusqu’à son exclusion pour trotskysme, il fut un pilier de la IV° Internationale et à ce titre un des animateurs de ce courant du trotskysme français, depuis la JCR jusqu’au NPA en passant par la LC et la LCR, et deux fois candidat à la Présidentielle et député européen. Il fut de tous les combats de l’extrême-gauche, depuis les réseaux de soutien au FLN à la lutte contre la guerre au Vietnam, des comités Chili aux combats antimilitaristes et antifascistes.

Un tel palmarès eut suffi à faire de lui une personnalité mieux récompensée politiquement s’il avait, comme le firent tant de leaders issus de l’extrême-gauche, vendu son âme au diable social-démocrate. Mais, manifestement Krivine ne voulait pas finir ministre et il ne dévia jamais de ses convictions. Il connut même la prison.

Enfant juif, il dut se cacher pendant la Seconde Guerre mondiale ; sa famille venait d’Ukraine et il n’est pas anodin de le voir quitter ce monde au moment où ce pays est au cœur de la folie planétaire, folie aux accents staliniens comme ceux qu’il a combattus à l’intérieur du mouvement communiste.

Même si l’on partageait pas l’ensemble de ses options stratégiques – qui avaient d’ailleurs évolué favorablement dans la direction de l’écologie politique – Alain Krivine inspirait le respect que l’on doit à ceux qui consacré leur combat à la défense des plus faibles, des plus discriminés, des plus écrasés par le système capitaliste, et qui n’ont jamais ni trahi ni renoncé. Ceux qui ne finissent pas par baisser les bras ou vendre leur image révolutionnaire en échange d’un strapontin sont suffisamment peu nombreux pour ne pas saluer ceux qui n’ont jamais cédé aux sirènes. Alain Krivine était de ceux-là et son parcours comme sa détermination méritent d’être salués.

Puisse un tel exemple servir à ce qui reste de militants à gauche, ou chez les militants pour qui l’écologie est d’abord rupture avec le système.

Camarade Krivine, présente !

Yves Frémion