Droit du sol

Mayotte, victime du cyclone et de la politique d’un État raciste

Les dérèglements climatiques entrainent des conséquences dramatiques, tant par leur intensité que par leur fréquence. Les États et leurs dirigeants cherchent souvent à en minimiser les causes, et même pire, à en ignorer les effets lorsqu’ils se produisent. On l’a vu en Espagne où le roi a été fortement conspué, tandis que la visite et les provocations insultantes de Macron n’ont pas suscité de réactions au-delà de l’effet de sidération. Force est de constater qu’à Mayotte, comme en Haïti quelques semaines auparavant, plus personne n’attend quoi que ce soit de la part du chef de l’État. La visite ministérielle du gouvernement Bayrou début janvier plus de trois semaines après le passage du cyclone Chido a parachevé ce mépris néo-colonial insupportable. Après le choix de Bayrou de présider son conseil municipal de la ville de Pau, justifiant au passage le cumul des mandats dont tout le monde constate bien les limites : comment peut-on prétendre être à l’écoute des Palois et Paloises, tout en étant à la tête du gouvernement pour conduire la destinée du pays dans un contexte international plus tendu que jamais ? Face à tant de mépris, la sagesse des Mahorais, habitant dans le cent-unième département français est admirable, bien que leur accueil de l’héritière du parti Lepéniste nous interroge, tant on dirait qu’on adopte la vieille recette de « soigner le mal par le mal ». Il faut le dire avec insistance, à Mayotte comme ailleurs dans les territoires de la France ultra-marine, l’accumulation de siècles de domination coloniale est toujours une empreinte quasi-indélébile dans la manière dont l’État gère les populations avec l’arrogance et la condescendance d’un état raciste. La réaction d’Elisabeth Borne lorsqu’elle tourne le dos face à deux professeurs apportant leur soutien « aux populations abandonnées » symbolise ce racisme atavique. 

Avec PEPS, nous apportons notre soutien sur le terrain avec nos contacts et dans la mesure de nos moyens. Nous organiserons aussi une rencontre le mercredi 8 janvier avec l’un de nos membres qui travaille à Mayotte, car contrairement à notre gouvernement, qui la refuse, nous estimons que l’aide est toujours la bienvenue quand elle n’est pas conditionnée. Nous pensons que la solidarité est sans frontière et qu’elle transcende nos limites dans ce monde ! 

 Le RSA pour remettre au travail (forcé) ses bénéficiaires.

Quand Rocard créait le RMI, au début des années 90, il fallait pallier le creusement des inégalités dans le contexte d’un chômage de masse. Dans le même temps, Coluche avait lancé les Restos du Coeur, avec l’espoir d’endiguer la pauvreté avec un panier hebdomadaire de victuailles pour aider les familles les plus en difficulté. Force est de constater que trente ans plus tard, les inégalités se sont creusées à tel point que les étudiantEs font la queue pour obtenir de l’aide alimentaire et, qu’en plus de leur saturation, les Restos du coeur, en proie à la difficulté de constituer des réserves suffisantes, doivent sélectionner leurs bénéficiaires selon de nombreux critères. Aussi, la multiplication des maraudes citoyennes de diverses obédiences ne suffit plus à venir en aide aux personnes qui vivent à la rue. La pauvreté n’est même plus un frein moral pour souligner l’indécence des profits réalisés par les plus grandes fortunes. Le capitalisme dans toute sa splendeur : le nombre des « sans », qu’ils soient « sans toit », « sans papiers », « sans droits », ne cesse de progresser et maintenant, les « sans contrat de travail » deviennent également des parias. En effet, depuis le 1er janvier, au mépris de l’Article 2 de la Convention 29 de l’OIT de 1930, selon lequel « Le terme travail forcé ou obligatoire désignera tout travail ou service exigé d’un individu sous la menace d’une peine quelconque et pour lequel ledit individu ne s’est pas offert de plein gré », le gouvernement macroniste impose désormais aux bénéficiaires du RSA de travailler de quinze à vingt heures par semaine. Rappelons que seules les personnes inscrites à France Travail peuvent bénéficier du RSA parce qu’elles ne sont plus indemnisées par l’assurance chômage. Rappelons que le RSA est un Revenu de Solidarité Active, donc qu’il n’est pas une allocation pour personne oisive sans activité !

L’imposition d’un quota d’heures de travail, non rémunérées alors qu’il y a tant de difficultés parfois pour accéder au marché du travail dans certaines zones du territoire démontre la totale déconnexion des décideurs d’une telle mesure… Or, comme le relève la Ligue des Droits de l’Homme, « La soumission du versement du RSA à une obligation de 15h d’activités hebdomadaires, sans prise en compte des personnes, est une remise en cause du principe d’inconditionnalité d’un droit fondamental minimal, risquant de fragiliser les plus précaires ».

Bayrou après Barnier : Un gouvernement de revenants impopulaires

On le savait, Macron veut faire du « en même temps » de droite et d’extrême-droite. Depuis le résultat des élections législatives anticipées du 7 juillet 2024, il a choisi de ne pas laisser la coalition de gauche du NFP qui dispose du plus grand nombre de députés conduire la politique du gouvernement. Il ne veut pas cohabiter avec la gauche et pour cela il est prêt à faire toutes les contorsions possibles. Il souhaite ainsi bien montrer qu’il emmerde celles et ceux qui se sont mobiliséEs pour faire barrage au parti de la flamme raciste et xénophobe et pour défendre l’arc républicain. Après le vieux Barnier négociateur du Brexit, il vient de choisir le vieux Bayrou, pensant peut-être que ce sont dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures. Sauf que l’art culinaire n’est pas celui de gouverner et on ne peut pas s’attendre à mieux avec les retours de Valls et de Borne, deux anciens Premiers ministres, la première affublée du sobriquet de Mme 49-3 et le second caractérisé par ses multiples trahisons (de la gauche) jusqu’à pactiser avec l’extrême droite en Espagne, où il rêvait de devenir le maire de Barcelone.

En plus des Dupont et Dupond de la Police et de la Justice, MM Retailleau et Darmanin, le doigt d’honneur de Macron est majeur. Sans oublier la très sarkoziste Rachida Dati qui demeure à la Culture, malgré des accusations de corruption passive par le Parquet National Financier, ni la présence d’Aurore Bergé ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations accusée d’avoir menti sous serment dans une commission d’enquête sur la gestion des crèches en avril 2024. On le voit, le fait d’être mise en cause par la justice semble être un plus pour obtenir un poste dans ce nouvel attelage gouvernemental !

Un gouvernement pour lequel l’assentiment de la présidente du RN a été sollicité pour tenter de l’amadouer et d’obtenir qu’elle ne vote pas une seconde fois la motion de censure brandie par la gauche. Et si la censure n’est pas votée, il s’agira de démontrer dans la rue que le ras-le-bol populaire est massif.

Bonne nouvelle : Le Pen, un fumier prêt à composter !

Un salopard de moins, champagne pour tout le monde ! En ce début d’année, l’air est devenu irrespirable marqué par l’arrivée du couple Trump-Musk à la présidence des USA, le génocide de Gaza qui continue de plus belle, la montée des néofascistes partout en Europe, les ravages climatiques à Mayotte ou en Californie, le retour des momies Valls, Borne et Darmanin dans le gouvernement Bayrou. Dans ce contexte, la mort de Jean Marie Le Pen a fait l’effet d’un doux réconfortant pour des millions de nos concitoyenn·Es. Pas étonnant que les apéros géants organisés en quelques heures à Paris, Lyon ou Marseille ont réuni des milliers de jeunes qui ont sablé le champagne, dansé et chanté pour fêter la mort du fondateur du Front national. Ce tortionnaire de la guerre d’Algérie, ce raciste, antisémite, islamophobe, romophobe, homophobe a été durant 70 ans de carrière le fédérateur de l’extrême droite, héritier de Pétain et de l’OAS, de Maurras et des Waffen SS français.

 Mais il faut reconnaitre que ce triste sire a remporté une victoire culturelle. En plaçant l’immigration, l’identité nationale et l’Insécurité au centre de son agenda politique, Le Pen a contaminé tout le personnel politique, droite et gauche réunie. En témoigne la pitoyable déchéance de Daniel Cohn-Bendit qui vient de reprendre le terme de Grand Remplacement pour parler de la population de Mayotte. Jean-Marie Le Pen en créant la PME familiale du F’Haine a préparé le terrain à sa fille qui l’a transformé en grande firme du national populisme prête à prendre le pouvoir.

Si nous voulons organiser la contre-offensive c’est d’abord sur ce terrain, en combattant toutes les dominations, en proposant un projet de société désirable, que l’écologie de libération et la gauche radicale devront se battre pour regagner les classes populaires dans les quartiers et la ruralité.

Comme les bonnes nouvelles ne viennent jamais seule, le décès de Claude Allègre, ce chef de file des climato-sceptiques et des anti-écolo forcenés nous réjouit également. Là aussi des funérailles vertes avec du compostage ou de l’humusation sont des solutions adaptées pour du fumier de plantes vénéneuses en voie de décomposition rapide.

La mort n’efface pas les saloperies des individus même si l’histoire les jugera. Pas de quartier pour les fachos. Pas de fachos dans nos quartiers !